Avis sur La Vengeance d'une femme

Zoltan Korda, le petit frère d'Alexander est surtout connu pour avoir réalisé "Le livre de la jungle" en 1942 avec Sabu dans le rôle de Mowgli. Le reste de sa courte filmographie est essentiellement composé de films exaltant les charmes exotiques des empires coloniaux décadents. Autant dire que "La vengeance d'une femme" pour lequel il adapte un scénario du grand écrivain anglais Adlous Huxley, tiré d'une de ses nouvelles, intrigue. Jusqu'alors inédit en France, le film bénéficie d'une sortie DVD qui éclaire sous un autre jour le talent méconnu de Zoltan Korda. Cette histoire autour de la jalousie psychotique d'une femme (Jessica Tandy), située dans l'univers de la haute bourgeoisie anglaise des années 1930 affirme plus qu'à son tour sa modernité. Les dialogues sans détour exposent clairement les tensions qui naissent des frustrations sexuelles minant les différentes protagonistes de ce film noir révélant un Charles Boyer moins lisse qu'à l'accoutumée, se trouvant pris à son insu dans la nasse d'une alliance de fait entre les différentes femmes de son entourage qui pour des raisons diverses lui font payer ses mœurs débridées affichées sans complexe derrière une façade très policée. Très bien charpenté et parfaitement équilibré, le scénario fait monter progressivement la tension jusqu'à une issue assez rapidement entrevue pour ensuite jouer habilement sur le suspense via un affrontement entre un médecin joué par Cedric Hardwicke et sa patiente autour de la culpabilité du lord anglais (Charles Boyer) quant à la mort de son épouse. Sans atteindre les sommets de "Rebecca" d'Alfred Hitchcock (1940) ou de "Hantise" de George Cukor (1944 avec Charles Boyer dans le rôle du mari diabolique), "La vengeance d'une femme" mérite plus qu'un œil attentif de la part des amoureux du cinéma de genre de cette période dorée d'Hollywood.

Une bonne intrigue à laquelle un Hitchcock aurait pu rajouter quelques ingrédients supplémentaires qui manquent un peu. On remarque aussi Jessica Tandy qui assure une belle interprétation dont la meilleur scène du film dans la prison avec Charles Boyer.