"Waterworld" se traîne depuis sa sortie la réputation de l'un des plus gros fiascos des années 90. Il est vrai que le film a connu une production tumultueuse. Un budget qui a explosé en cours de route, passant de 100 à 175 millions de dollars (faisant ainsi de "Waterworld" le film le plus cher de l'Histoire à l'époque, hors inflation !). Un tournage effectué en mer émaillé de problèmes. Et surtout des conflits permanents entre Kevin Costner, producteur et surtout méga star dans les années 90, et le réalisateur Kevin Reynolds (sujet au mal de mer !), qui quitta le navire, obligeant Costner à finir le film... S'en suivit un échec public en salles, bien que le film rentra finalement dans ses frais grâce au marché vidéo. Mais que vaut le film en lui-même ? "Waterworld" se constitue en véritable plagiat aquatique de "Mad Max 2". On y retrouve en effet un héros solitaire et taciturne dans un monde post-apocalyptique ici recouvert d'eau, une lutte entre une communauté gentillette et des pirates sauvages, une matière convoitée de tous (la terre remplace ici le carburant), et même un inventeur avec un aéronef ! Des similitudes qui n'aident pas le film des Kevin à se démarquer. D'autant plus que les images sont parfois moches (quelques trucages ont mal vieilli, la photographie laisse à désirer), les personnages ne sont pas toujours bien écrits, les dialogues volent bas, et le scénario contient son lot d'invraisemblances. Sans compter des acteurs parfois mal dirigés. En particulier, Costner n'est guère subtil en aventurier bougon, et Dennis Hopper en fait des caisses en grand méchant pirate. Toutefois, ne boudons tout de même pas notre plaisir, "Waterworld" est loin d'être un gros navet qui tache. Le film propose un univers post-apocalyptique qui, à défaut d'être vraiment original, est intéressant, et relativement recherché sur le plan visuel (design des navires, atoll artificiel...). Le scénario contient une thématique écologiste, chose encore peu courante dans les années 90, avec ici les pirates qui représentent les excès du monde pré-apocalyptique (consommateurs d'alcool, de tabac, exploitant sans vergogne leurs maigres ressources...). Enfin, le film offre quelques moments de beau spectacle, avec en particulier un premier acte très sympathique, qui contient quelques beaux moments de bravoures et cascades. "Waterworld" est donc situé entre deux eaux (ho ho !), entre blockbuster avec quelques bonnes idées, et gros ratage.