"L'autre monde" commence fort. Dès les premières minutes on est happé par l'atmosphère intrigante et angoissante imposée par Gilles Marchand. Deux adolescents s'immiscent dans la vie d'un étrange couple et finissent par les prendre en filature, jusqu'à sauver in extremis la femme du suicide, l'homme n'en réchappant pas. Puis malheureusement, le film souffre d'une baisse de régime et accumule pas mal de clichés. Car si la relation qui va se créer entre l'adolescent aux hormones en émoi et la femme fatale dépressive, est intéressante, elle manque de profondeur et d'originalité. Et on se demande, alors que le film n'avance guère, comment celui-ci va se terminer. (Si vous voulez garder complétement le mystère, passez au paragraphe suivant). Gilles Marchand opte pour un revirement de situation vers le thriller très basique. La fin est donc à l'opposé de tout le film, qui oscillait entre réel et irréel, et de la relation ambiguë qui liait les deux principaux protagonistes. Tout devient trop vrai, tout est trop expliqué, alors que ce qui tenait le film jusqu'alors c'était justement un lien impalpable, inexplicable. Gilles Marchand ose même la petite morale sur les dangers d'internet. Finalement il aurait peut-être du nous laisser sur la fausse idée que l'on se faisait du personnage d'Audrey, plutôt que de jouer la carte du twist final. Cette faille scénaristique est dommage car Gilles Marchand, malgré les baisses de régime, a su teinté son film d'une très belle atmosphère qui vous tient tout le film. Les scènes de jeu en ligne sont dans l'ensemble réussies, peut-être les meilleures. Le film fait également la part belle à la musique, certaines fois les images accompagnant plus celle-ci que l'inverse. L'interprétation est par contre parfois bancale, les acteurs devant se débattre avec des personnages pas toujours très profonds. Grégoire Leprince-Ringuet, bien que parfois sur le fil du rasoir, s'en sort quand même honorablement et offre une certaine crédibilité à son personnage cliché de jeune adulte. Quant à Louise Bourgoin, elle trouve un rôle sur mesure, en ange de la mort séducteur.