Elle n’arrive ni à rire, ni à pleurer et semble suffoquer à chaque seconde, comme privée depuis toujours de chaleur humaine. Son mari semble n’avoir jamais su lui apporter l’amour dont elle avait besoin et son seul et unique fils a fui pour vivre de sa passion à l’autre bout du monde. Alors quand, une nuit, Liliane Rousseau (Yolande Moreau) apprend par téléphone la mort de celui-ci, dans des circonstances encore inconnues, on souffre pour cette femme qui n’est décidément pas épargnée par la vie.
Un malheur n’arrivant jamais seul, le corps de son fils ne peut être rapatrié en France sans avoir été identifié sur place. Liliane, qui n’a plus eu de contact avec son fils depuis des années, est aussi usée psychologiquement que physiquement. Pourtant, par amour pour lui, elle s’envole seule, du jour au lendemain, pour la Chine. Avec pour seule compagne une lourde valise.
Sur place, cette femme si fragile doit se dépasser pour franchir la barrière de la langue avec ses quelques mots d’anglais, pour soulever sa valise dans bien des escaliers qui la mènent lentement vers la redécouverte de son fils et de la vie qu’il a menée durant plusieurs années. C’est dans ce pays étranger, à la culture si différente de la sienne, qu’elle va enfin trouver la chaleur humaine, l’aide, l’écoute et le soutien dont elle a toujours manqué.
Ce film lent, silencieux, d’une grande délicatesse prend soin de nous transmettre uniquement l’essentiel : l’émotion. Chacun des personnages, notamment la rayonnante Qu Jing Jing (qui incarne Danjie, la petite amie du défunt) fait preuve d’une profonde dignité, d’une grande pudeur dans la douleur. L’absent dont tout le monde parle est un personnage à part entière qui réussit, par ailleurs, à réunir des personnes qui ne se seraient jamais rencontrées sans lui.