Avis sur Touki-bouki

Nouvelle vague au Sénégal. Touki Bouki raconte l'espoir et les combines d'un jeune couple qui ne rêve que de s’échapper d'un Sénégal post-colonial qui, à leurs yeux, ne respire pas la modernité. Pour mener à bien leur projet, ils ont besoin de thunes et vont s'employer à trouver la maille nécessaire par des moyens peu scrupuleux. Entre humour décalé et caricature des personnages archétypaux de cette société de Dakar, Mambéty ne dénonce pas, il exprime les nouvelles aspirations d'une jeunesse écartelée. On y voit la fascination du réalisateur pour une société traditionnelle représentée ici par un traitement brut de l'image. On perçoit également la séduction qu'exerce la classe supérieure, sorte de bourgeoisie parvenue et suffisante. Le personnage du riche gay à qui notre héros subtilisera des vêtements est à ce titre cocasse et évocateur à défaut d'être très finement représenté. Ainsi donc, s'entrechoquent dans le film des images et des mouvements de caméra vifs et de nombreux plans longs, amples et composés comme des tableaux. A noter tout de même, la présence de longues scènes d'abattages d'animaux « pour de vrai » assez sanglantes et insupportables que ne renierait pas l'asso L214. Mais ce serait dommage de rater ce petit bijou … alors fermez les yeux et tout va bien se passer.

Sorti en 1973, Touki Bouki est considéré comme l’un des films qui révolutionna le cinéma du continent africain. Son récit non-linéaire, son propos qui multiplie les points de vue et ses images d’un onirisme assumé ont en effet pulvérisé les codes de l’époque. L’histoire est celle de Anta et Mory, un jeune couple balancé entre toutes les contradictions du Sénégal de cette période, entre traditions ancestrales, mouvements contestataires des années 60 et néocolonialisme. Fantasmant la France et Paris, rêvant de s’embarquer sur un paquebot, ils n’hésiteront pas à commettre de menus larcins afin de récolter l’argent qui leur permettra de vivre leur rêve. L’image de leur épopée en moto surmontée d’un crâne de vache est restée mythique, valant même à Beyoncé et Jay-Z des soupçons de réappropriation culturelle en 2018. D’une liberté absolue, ce film de Djibril Diop Mambety est un objet exigeant et marquant.

Film africain assez nouvelle-vague – avec les défauts – bénéficiant d’une bonne photo et décrivant les rêves d’argent d’un jeune couple sénégalais désireux de partir à Paris, symbolisé par les chansons de Joséphine Baker et Mado Robin. Dans un Dakar post-colonialiste et musulman, le film alterne dans un montage incertain des scènes folkloriques, poétiques ou violentes (les vaches à l’abattoir), saupoudrées d’un humour inégal.

Un film d'une inventivité folle. Il y atout dans ce film et c'est à la fois un pur acte suicidaire car oser réaliser ça au Sénégal à 27 ans en 1972 c'est prendre tous les risques et le réalisateur l'a payé très cher. Un film onirique, nouvelle vague, dénonçant le colonialisme avec un humour décapant, un film qui revendique ses racines africaines qui cherche à inventer un cinéma purement africain. Des séquences hypnotiques inondent le film. Un ovni totale. Un film que je n'aurai jamais imaginé possible dans le Sénégal de 1972. Comme le dit Scorsese: S'il y a un seul film à sauver dans l'histoire du cinéma c'est celui là.

Je ne suis pas très séduit. Il y a des idées. Maintenant on en a vite fait le tour pour être honnête. Je trouve pas le film très captivant. C'est un film qui a des propositions originales sans en avoir. C'est un film à "la façon de". J'imagine qu'il y a des gens qui trouvent ce film ouf (sans doute), maintenant c'est pas mon avis.