Un must, un incontournable, un monument de la comédie française, copié aux USA mais clairement raté car sans substance ni humour, prouvant à quel point ce genre est inhérent au pays.
On voit que l’esprit et la truculence françaises n’ont pas d’équivalent, et que les retranscrire n’est pas donné à tout le monde, sauf que là c’est réussi et ça change tout. L’arrogance d’un Brochant, tout comme l’ingénuité (ou naïveté) de Pignon et ce genre de diner ça fait très français. Lhermitte et Villeret interprètent avec brio ces personnages avec leurs caractéristiques mais sans manichéisme (le riche a des sentiments/égards, le naïf est plus qu’un simple benêt). Dirigés merveilleusement par un adepte du genre, portés par un scénario innovant et efficace, cela finit d’installer ces protagonistes au panthéon des stars comiques. Les 2nd rôles (Vandernoot, Frot, Huster) ne sont pas en reste, surtout Daniel Prévost à qui je ne peux trouver de remplaçant tant il correspond au personnage. Avec Brassens au générique on est dans le ton complet, franchouillard mais qualitatif assurément.
Je dirai surtout que le plus important est là : on a une comédie qui fait rire, ça semble être un pléonasme mais ça finit par devenir rare. Non là c’est marrant, les gags et les quiproquos s’enchaînent à un rythme soutenu, on a des dialogues nickel avec son lot de phrases cultes « belle tête de vainqueur » ou « Juste Leblanc/Marlène Sasseur », l’humour n’est jamais gras/lourd/graveleux, rien que les expressions faciales des acteurs suffisent à faire comprendre leurs sentiments et leurs attentions (souvent atterrées), même la morale s’insère brillamment et sans lourdeur dans l’ensemble (suffisance des riches contre la gentillesse des naïfs), le tout dans un huis clos très théâtral qui convient admirablement à l’intrigue.
Bref une comédie bien française, tellement qu’elle ne fonctionne que chez nous, mais avec les ingrédients qu’il faut pour devenir culte. Gérée et jouée de façon admirable, avec un thème éternel (malheureusement) qui suffit à ce que le film soit intemporel, bref on ne regrettera que sa durée : trop courte (1h15).