Pour tenter de faire un film de gangsters, un cinéaste débutant approche le milieu par le biais d’un ami truand. Démarche, qui va plonger le jeune metteur en scène dans un engrenage infernal. Scénario, absolument brillant, tout autant que les acteurs. Mais le film a bien d’autres mérites : tout en nous faisant les témoins médusés d’un destin individuel, celui d’un ganster dont on voit l’ascension puis la chute, Yoo Ha nous dresse un portrait collectif, extraordinaire de réalisme, de la mafia coréeenne. Le talent du réalisateur se mesure aussi à sa capacité à nous montrer crûment les choses, tout en usant d’une évidente stylisation, débouchant sur du symbolisme tantôt lyrique, tantôt cynique. A l’image des bagarres, dont le timing et les bruitages sont essentiels. Elles arrivent souvent de mainère impromptue, parfois en rupture avec des scènes de romance, comme pour nous souligner la nature incertaine du destin des mafieux. Et les sons des poignards sont comme une musique longue et morbide, enfonçant l’idée presque comique de l’inéchappable nécessité de tuer son prochain. Tout en se servant de la violence, le Coréen n’en fait pas l’apologie, tout en montrant les valeurs des mafieux, il n’hésite pas à en exposer les contradictions. Il est regrettable, voire lamentable, que le site allocine.com ait mal orthographié le nom de ce réalisateur Coréen, aussi poête, (Yoo Ha), le confondant ainsi avec un acteur chinois Ha Yu.