Nous sommes au sud du Chili en plein hiver austral, sous la pluie une grande partie de la journée. Mais dans le centre commercial de la petite ville il fait la même température - 23 degrés - toute l'année, nuit et jour. Là vont se croiser la plupart des personnages de ce premier film en forme de bonne surprise. Ils sont 8, 5 hommes et 3 femmes, en 4 couples : deux couples mariés, un couple fraternel (le frère et la soeur) et un couple père/fils. Ce n'est pas pour autant un film "choral", comme la mode en existe depuis quelques années ; le Chilien Cristian Jimenez qui assure aussi le scénario met plutôt en scène une sorte de sotie filmique. Il y a bien une trame narrative, mais les personnages mêlent leurs vies et s'y emmêlent dans une suite de saynètes réjouissantes. Tout part, pour l'anecdote, de Juan contemplant par la vitre du restaurant du centre commercial un paysage aux lignes tristement floues - aveugle depuis la petite enfance, une opération lui a rendu la vue, mais très imparfaitement. Exclu du monde des aveugles (par sa propre compagne toujours aveugle, en premier lieu), en marge du monde des voyants, il regrette son changement d'état ! Les autres personnages (une riche voleuse qui séduit puis abandonne le nouveau vigile du centre commercial, son mari qui veut améliorer l'image de marque de son entreprise qui se trouve au centre du système de santé de la province grâce à l'ancien aveugle, la soeur du vigile qui pense que des implants mammaires pourront la rendre enfin séduisante, un cadre vieiilissant sur la voie du licenciement qui se croit amoureux d'elle et son fils en pleine crise identitaire) ont eux aussi des problèmes de vue ! "Illusions d'optique", au sens propre et figuré, ou comment on a du mal à voir et à être vu (e), comment on se voit et comment les autres vous voient etc. Variations décalées sur un thème original, et dans l'écriture, et dans la réalisation. En bref, un bon moment de divertissement et de réflexion.