Quand on a aimé un personnage, une ambiance, une intrigue sur le papier, c’est toujours très risqué de voir tout cela sur un écran de cinéma, on peut difficilement être objectif. Mais je vais essayer quand même… Pour commencer, d’après les souvenirs que j’en ai, le scénario est très fidèle au livre de Pennac et l’atmosphère décalée du monde de Benjamin est plutôt bien rendue. Evidemment, si on ne connait rien du livre, ce petit coté décalé peut paraître assez déroutant et même rebutant. Parce que tout sonne un peu faux, et c’est tout à fait volontaire, l’intrigue, les personnages et leur drôles de destins, les décors, les costumes (délicieusement hideux, rarement vu un casting si mal habillé !) tout fait un peu « contes de fée pour adultes restés des enfants au fond ». L’intrigue peut paraître parfois un peu confuse, surtout au début, certains flash back sont trop courts ou trop peu clairs pour qu’on les rattache facilement à l’intrigue, comme un puzzle un peu compliqué. Mais au fil du temps, tout finit par s’emboiter et au final, on a bien compris le pourquoi du comment de cette série d’attentats, et on finit par comprendre aussi le titre (mystérieux au premier abord) du film. La réalisation est plutôt intéressante, avec quelques belles scènes d’explosions et un certain souci de détail. Les dialogues se veulent drôles, parfois ils le sont, mais parfois (trop souvent en fait) çà tombe un peu à plat, et l’humour, quand çà tombe à plat, c’est terrible pour un scénario ! Il y a des digressions à la limite du compréhensible, comme le coup de la girafe. Ca se veut surement une petite touche de surréalisme, mais là encore, çà fait trop « cheveu dans la soupe » pour fonctionner. Côté casting, on ne peut blâmer personne, de Raphaël Personnaz à Bérénice Béjo en passant par Guillaume de Tonquédec, tous font leur maximum pour donner vie à ces curieux personnages. Certains s’en tirent bien comme Raphaël Personnaz (qui est un Benjamin Malaussène tout à fait dans l’esprit) ou Bérénice Béjo, d’autres moins… Emir Kusturica n’est pas super convaincant et Guillaume de Tonquédec n’est pas exploité au mieux de son grand talent. Au final, même si on n’a pas passé un mauvais moment dans son fauteuil, même s’il n’y a pas eu de longueurs ni de baisse de rythme, on sort de la salle avec un arrière gout d’inachevé. Comme si l’œuvre de Pennac avait mérité d’être traité avec plus de folie, avec des dialogues mieux écrits, avec plus de liant, bref, avec plus de soin… Du coup, nous qui nous prenions à rêver d’une saga cinématographique, après coup, on se demande s’il ne vaudrait mieux pas en rester là.