Le réalisateur québécois Denis Villeneuve revient avec Prisoners, 3 ans après le multi-récompensé Incendies sorti en 2011.
Le projet a été proposé en 2009 à Mark Wahlberg et Christian Bale pour jouer les rôles principaux et à Bryan Singer côté réalisation. Puis, les noms de Michael Fassbender et de Leonardo DiCaprio ont été mentionnés pendant un moment pour incarner Keller Dover (Hugh Jackman). Le casting définitif composé de Hugh Jackman et Jake Gyllenhaal n’a été bouclé qu’à la fin de l’année 2012.
Un temps évoqué pour interpréter le rôle de Keller Dover (Hugh Jackman), Mark Wahlberg n’a pas coupé les ponts avec le projet lorsqu’il a décliné l'offre puisqu’il est devenu l’un des quatre producteurs exécutifs de Prisoners.
Il s’agit du deuxième film où Denis Villeneuve a confié un rôle principal à Jake Gyllenhaal. Avant Prisoners, ils ont travaillé ensemble pour An enemy, l’adaptation du roman « L’autre comme moi » de José Saramago, qui raconte l'histoire d’un homme confronté à son sosie parfait. Bien que filmé après, Prisoners est le premier à sortir au cinéma.
Le long-métrage de Denis Villeneuve a remporté des critiques favorables lors de sa projection au Festival de Toronto 2013 (TIFF). Le réalisateur en a également profité pour présenter son autre film, Enemy porté par Jake Gyllenhaal.
Le thème de l’enlèvement d’un enfant et de la vengeance du père qui tente de se faire justice lui-même a déjà été traité plusieurs fois au cinéma, comme par exemple dans le film québécois intitulé Les sept jours du talion (2010) réalisé par Daniel Grou, où un médecin retrouve et torture le violeur et assassin de sa fille unique.
Denis Villeneuve travaillait sur Enemy, un autre film avec Jake Gyllenhaal, lorsqu’il a reçu le scénario de Prisoners. En lisant l’histoire, il a immédiatement pensé à l’acteur pour interpréter l’inspecteur Loki.
Pour se glisser dans la peau de Keller Dover, le père protecteur, Hugh Jackman a fait des recherches sur le "survivalisme" (un terme qui désigne le mode de vie d'individus voulant se préparer à une hypothétique catastrophe). Son personnage étant un ancien alcoolique, l’acteur s’est également renseigné sur l'alcoolisme, ainsi que sur les effets du manque de sommeil prolongé.
Le titre Prisoners se rapporte d'ordinaire au système carcéral, mais pour Denis Villeneuve, il s'agit plutôt d'un état d'esprit. Il explique : "Chaque personnage du film est, d’une manière ou d’une autre, prisonnier des circonstances, de ses propres démons ou de la peur. Chacun doit faire face à un emprisonnement qui lui est propre, et va devoir se battre pour retrouver la liberté."
Lorsque le réalisateur a reçu le scénario de Prisoners, il a cherché à étoffer l'histoire en commençant par enrichir les personnages : "Bien sûr, il s’agit d’un film noir qui traite d’un sujet difficile, mais il est également profond, et je savais qu’il serait plus facile pour les spectateurs de se mettre à la place des personnages s’ils leur semblaient réalistes."
Denis Villeneuve a confié les rênes du scénario à Aaron Guzikowski, pour que celui-ci développe la trame et les protagonistes. Guzikowski explique comment il a procédé : "Au départ, mon intention n’était pas d’écrire une histoire aussi sombre. Tout est parti d’une banale impression, celle que l’on ressent lorsqu’on égare quelque chose d’aussi trivial que ses clés de voiture ou son téléphone portable, de cette légère panique qui nous étreint lorsqu’on est persuadé d’avoir laissé quelque chose à un endroit et qu’on ne l’y trouve plus. Mais ça, c’était avant que j’aie des enfants… Une fois père, j’ai à nouveau essayé d’imaginer cette sensation, sauf que cette fois-ci j’ai pensé à mon enfant, et j’ai ressenti quelque chose de complètement différent. Comment l’esprit humain réagit-il face à cela ? Dans quelle mesure est-on transformé ? Peut-on transgresser toutes les limites ?"
Le scénario de Prisoners aborde le thème sensible de la disparition d'un enfant du point de vue des familles et d'un point de vue extérieur. Jake Gyllenhaal, qui incarne l’inspecteur en charge du dossier, déclare : "Le film pose des questions très difficiles sur ce que nous serions prêts à faire pour ceux que l’on aime tout en examinant les différentes réactions des habitants d’une petite ville face à un tel événement, notamment celle d’un policier dont certains pensent qu’il fait partie de la solution et d’autres du problème."
L’acteur Paul Dano incarne dans Prisoners le troublant Alex Jones, rapidement soupçonné d’être le bourreau. Ce personnage énigmatique apparaît à la fois comme le méchant et la victime de l’histoire. Habitué aux rôles décalés, l’interprète ne s'en lasse pas : "Alex est un garçon complexe. (…) il est plutôt mystérieux, ce qui, pour un acteur, offre un vaste champ d’exploration."
Le tournage de Prisoners a débuté en janvier 2013 dans la banlieue Est d’Atlanta et les environs de Stone Mountain dans l’état de Géorgie. L’équipe du film s’est installée à Stanton Woods, une ville voisine de Conyers pour la transformer en ville fictive dans le film.
Afin de conserver l’atmosphère angoissante de ce drame, Patrice Vermette, le chef décorateur, a préféré opter pour des couleurs discrètes plutôt qu’éclatantes. Il déclare : "Pour l’intérieur des Birch, nous avons utilisé les tons de bleu, gris et vert pâle, tandis que pour celui des Dover nous avons choisi des teintes de brun, d’ocre et de rouge foncé."
Jóhann Jóhannsson a été chargé de la composition de la bande-son du film. Sur demande du réalisateur, il a réalisé des morceaux accentuant le parcours émotionnel des personnages. Jóhannsson a donc décidé d’associer un orchestre, avec de nombreux bois et instruments à cordes, à deux instruments moins connus : les ondes Martenot, précurseur du synthétiseur, et le cristal Baschet, qui produit des sons à partir des vibrations de cylindres de verre. Le compositeur déclare : "Ce mélange génère une musique délicate, lisse et froide qui souligne la tension du film."