Nesma : les secrets du tournage

Homeïda Behi a quitté la Tunisie à l’âge de 18 ans pour suivre des études de lettres à Paris. Pourtant passionné de cinéma, il n’envisageait initialement pas Nesma, son premier long métrage, comme un film : "En fait, je désirais juste raconter des histoires, tout est parti de là, et, dans un premier temps, j’ai eu du mal à assumer cette envie que j’avais d’écrire un premier scénario et de passer derrière la caméra."

L’histoire de Nesma se déroule au mois d’Aout, parti pris de la part du réalisateur qui souhaitait véhiculer à travers la chaleur estivale tunisienne l’ambiance despotique du pays : "Tout ce que l’on ressent au cours de l’année devient soudainement encore plus palpable en été", précise-t-il. Homeïda Behi cherchait à faire planer sur son film une atmosphère angoissante à la manière de David Cronenberg ou de Roman Polanski, deux réalisateurs qu’il affectionne particulièrement.

Nesma tient son titre de la villa que Claire (Aure Atika) et Youssef (Farid Elouardi) souhaitent louer, personnage à part entière et véritable objet de désir qui dévoile tour à tour le côté obscur des personnages. Nesma signifie également "brise" en tunisien, "brise que l’on attend tout l’été, que l’on espère, une saison entière parfois", précise Homeïda Behi.

Si la dimension politique de Nesma est belle et bien présente, elle sert avant tout de contexte. Homeïda Behi a passé 18 années de sa vie en Tunisie et durant la phase d'écriture du film son pays s’est logiquement imposé comme le décor : "Les films engagés véhiculant des messages et cherchant à les imposer me gênent toujours un peu. Mais j’ai passé mon enfance et mon adolescence au coeur d’un pays rongé par une dictature, où tout était cloisonné, je pense qu’il fallait que ce tout ce que j’ai vécu sorte d’une façon ou d’une autre. Ce n’était pas le projet de départ, le cinéma n’était pas pour moi un moyen d’exprimer des idées politiques, il l’est devenu indirectement."