Honnêtement, je n'en attendais rien, mais alors rien du tout... Si je suis un grand admirateur de Lynch et ses voyages fantasmés qui ont fait sa réputation, je m'avère être nettement moins fan de ses réalisations dirons-nous plus "rationnelles". "Wild at Heart" et "Dune", c'est sans moi ; "Elephant Man" sans plus... Et "Une Histoire Vraie" dans tout ça ? Malgré un sujet qui fait un peu peur (je ne compte pas admirer un grand-père sur sa tondeuse à gazon pendant des heures !), le cinéaste nous surprend dans le bon sens du terme. Comme beaucoup l'ont remarqué, il s'agit de l'antithèse parfaite de son oeuvre précédente, j'ai nommé "Lost Highway". Dans l'un et l'autre, un long périple se met en place et s'organise autour d'une route perdue : pourtant, l'un et l'autre sont en-dehors de ce point on ne peut plus opposés. Ici, pas de désirs, pas de créatures de rêves (fatales), pas de violence, pas de sexe, pas de rêve, pas de pulsions refoulées, pas d'ambiance onirique, pas de surréalisme... Quoi alors ? Juste le chemin qu'un vieillard parcourt de façon insolite (comme je le disais, une traversée des Etats-Unis en tondeuse à gazon) pour retrouver son frère malade, moyennant une succession de scènes semblant se rapporter à des anecdotes, succulentes et légères, empruntées à une innocente comédie aux teintures familiales, par ailleurs distribuée par Walt Disney. Ce qui fait que l'on s'attache à ce vieil homme et finalement à ce long-métrage, ce sont les personnages assez fouillés, dépeints avec finesse, porteurs d'un humanisme pourtant très moralisateur (la famille, c'est bien ; charité chrétienne pour tous car c'est ce qui nous maintient en vie ; croyance en un bon fond pour tous les êtres, etc...). Si l'on n'espère évidemment pas de Lynch une bonne leçon bien convenue, on ne reste toutefois pas insensible, non pas aux valeurs puritaines trop souvent véhiculées, plutôt au charme presque désuet semblant se dégager d'"Une Histoire Vraie", un film agréable mais mineur chez D.L