Avis sur Le Voyageur de la Toussaint

Je n'ai pas lu le roman de Georges Simenon mais j'ai lu suffisamment de Simenon pour penser qu'il doit être nettement meilleur que ce téléfilm qui se contente d'aligner les scènes tout en présentant juste des caricatures de personnages. Les notables notamment sont juste représentés comme une bande d'enfoirés qui n'ont l'air de vivre uniquement que dans le but d'être enfoirés. Pas la moindre nuance dans la description des portraits...
Quand au protagoniste, son manque de consistance et surtout le jeu très affecté de son interprète empêchent tout empathie possible. Le reste de l'interprétation, excepté celle du regretté Jean-Louis Foulquier qui réussit à donner une petite touche humaine authentique à un ensemble plat et feint, est du même acabit.
La réalisation techniquement pauvre, même pour un téléfilm, achève de rendre le tout raté et décevant surtout à la vue du potentiel de l'histoire au niveau de l'intrigue policière et de la critique sociale.
Pour finir tout de même sur un point positif, ce potentiel, à côté duquel ce téléfilm passe totalement à côté, m'a donné envie de lire l'oeuvre de Simenon mais aussi de voir le film de 1943, avec des gros mastodontes de talent comme Jean Desailly, Serge Reggiani et surtout Jules Berry, qui doit valoir largement le coup d’œil.

On ne sait pas grand chose de Philippe Laik et on le voit rarement comme réalisateur : c'est bien dommage car il signe ici un remake d'un film plus ancien avec un brio remarquable. Il a mis tous les atouts dans son jeu avec un casting de premier choix (certains des acteurs sont aujourd'hui hélas disparus) et seul Renaud Cestre n'est pas convaincant. Avec comme base de récit un roman de Simenon, (il en aura écrit 193, jugez du peu)) et des prises de vues superbes de Dunkerque où est censée se dérouler l'intrigue. Mais à part quelques vues portuaires de la cité de Jean Bart, les extérieurs des maisons ont été filmés à Roubaix.
On ne trouve plus guère en effet d'anciennes maisons à Dunkerque qui a été quasiment rasée pendant la dernière guerre mondiale et reconstruite après.
L'ambiance que savait créer Simenon est finement reproduite dans cette réalisation avec ses moments d'oppression, ses incertitudes : bref, j'ai été surpris de voir que le film allait bientôt se terminer.
Pas mécontent de constater que "force reste toujours à la loi" et que les crapules, fussent-elles des notabilités, aient été démasquées. Ne passez pas à côté...
willycopresto