Avis sur Tomi Ungerer - l'esprit frappeur

Délibérément construite comme l'histoire de sa vie dans les grandes luttes du XXème siècle, cette interview de Tomi Ungerer révèle une oeuvre innovante et rigoureuse empreinte aussi bien des secrets pour enfants que pour les adultes trés avertis. Ce graffiste de génie aussi français qu'allemand a trouvé identité et reconnaissance après tant de rejet puritain en Europe comme aux Etats Unis. A plus de 80 ans, Tomi Ungerer, déborde d'enthousiasme et nous bouleverse par l'évidence de ses aspirations artistiques d'homme libre à la double vie d'européen et d'américain.

quel parcours que celui de tomi ungerer, lui qui a connu l'allemagne nazie enfant et adolescent , qui reconnaît l'influence de la propagande hitlerienne dans l'agencement et l'aspect coup de poing de ses affiches satyriques, lui qui a oeuvré contre la discrimination raciale aux usa, contre la guerre au vietnam,, qui a écrit des livres pour enfants cultes, choquants et avant-gardistes, lui qui a réalisé des dessins pornographiques, sado-masochistes avec un plaisir certains, etc...et surtout qui à 80 ans aujourd'hui (un pti joint au bec) travaille encore et toujours à sa table de dessin entre l'irlande et strasbourg (sa ville natale) à réunifier les hommes et à faire émerger les travers de nos comportements belliqueux et orgeuilleux, bref un doc touchant sur un personnage complexe, riche de ses contradictions, au talent immense....

Nous avons tous lu et fait lire à nos enfants "Les Trois brigands" et "Jean de la Lune".
Mais qui sait que leur auteur est aussi un grand nom de la BD SM pour adultes ?
Toni Ungerer est un dessinateur déroutant aussi à l'aise dans l'illustration pour enfants que dans la BD pour adultes
Sa vie épouse le siècle - même si ces jours ci de tels qualificatifs sont réservés à Stéphane Hessel : né à Strasbourg en 1931, orphelin de père à trois ans, il garde le souvenir traumatisant de la guerre, des combats de la Libération en 1945, des privations. Le retour à la paix est presqu'aussi traumatisant pour lui : la France étouffe la culture alsacienne suspectée de faire le jeu du pangermanisme et persécute ce petit Alsacien à l'accent trop allemand. Le jeune Tomi rate son bac et part aux États-Unis. il y connaît vite le succès grâce à un travail frénétique et multiforme : à côté de ses albums pour enfants il dessine des caricatures de presse qui collent à l'air du temps. Nous sommes dans les 60ies en pleine révolution sexuelle. mais l'Amérique pudibonde a raison de lui et l'oblige à fuir. D'abord au canada. Puis en Irlande.
C'est cette vie placée sous le signe de la liberté et de l'anti-conformisme que décrit avec beaucoup d'intelligence le documentariste américain Brad Bernstein.
Et qui donne envie d'aller voir (ou revoir) le splendide musée Ungerer qui vient d'ouvrir ses portes à Strasbourg.

Film très instructif sur un grand dessinateur peu connu du grand public (moins que Norman Rockwell par exemple). Né a Strasbourg en 1931 (il a été très influencé par le célèbre retable d’Issenheim, peint par Grünewald et exposé au musée d’Unterlinden à Colmar), Jean-Thomas, dit Tomi, Ungerer quitte la France pour New-York dans les années 50 et se fait connaitre par l’illustration de livres pour enfants (« Les trois brigands » en 1961 est le plus connu). Touche à tout, il aborde aussi l’affiche politique et le dessin érotique d’où sa mise sur liste noire par l’Amérique puritaine et la mise à l’index de ses livres dans les bibliothèques (principal marché du livre pour enfants). Il quitte alors, à 40 ans, les Etats-Unis pour la Nouvelle-Ecosse où il partage son temps entre le dessin et l’élevage de moutons. Il se fixe ensuite en Irlande où il trouve la sérénité. Il a même obtenu la légion d’honneur à cause de son action pour le rapprochement franco-allemand.