Selander est un réalisateur de petits western vite emballés, souvent réalisés en une ou deux semaines, et quoiqu’on en dise, ça se sent ! Fort Yuma appartient vraiment au western d’exploitation assez bas de gamme. Ca se mesure à une réalisation franchement très moyenne, avec des scènes à priori réalisées en une ou deux prises max. Il y a des faux raccords, des accélérations douteuses, un montage aux fraises avec notamment un gros souci de spatialisation (un personnage en théorie à 5 mètres d’une scène ne réagit pas, genre, comme s’il était à 50 mètres, ce qui donne des passages plus qu’étranges en terme de cohérence). Heureusement, le film peut quand même s’appuyer sur quelques paysages et un technicolor assez soignés, mais si les costumes des tuniques bleues sont crédibles, ceux des Indiens font plutôt achetés chez Gifi !
Le casting est principalement emmené par Peter Graves, plutôt à sa place en lieutenant rébarbatif, personnage qui par ailleurs n’est pas inintéressant dans son évolution et son caractère bien qu’il soit assez commun en vérité. Pour le reste, on a de pseudo-indiens pas très crédibles (John Hudson et Joan Taylor, voilà voilà !), une Joan Vohs sympathique mais qui n’a pas grand-chose à défendre (il fallait visiblement un intérêt féminin blanc en sus de l’indienne), et en fait, le plus intéressant tient peut-être à ce duo secondaire, cocasse mais attachant composé des personnages de Milou et Taylor. Côté Indiens il n’y a rien à retenir, ce sont des antagonistes basiques.
Le scénario justement est assez décevant. Le film dure 1 heure 18 et pourtant que de longueurs dans la première partie ! Ok, on rentre vite dans la problématique (beaucoup trop d’ailleurs, cette introduction est assez loufoque !) mais ensuite il y a des longueurs, c’est monumental ! Le film essaye de distiller une romance impossible, des états d’âme indiens clichés, ça cause, ça cause, et les rares scènes d’action sont filmées avec platitude. La deuxième partie décolle un peu jusqu’à la grosse scène d’action qui néanmoins ne parvient guère à éveiller l’intérêt. Au bout du compte, on a déjà tout vu en mieux ailleurs et le métrage se contente, paresseusement, d’enquiller les lieux communs du genre.
En conclusion, cette série B western est tout à fait dispensable dans le genre. Mou, pas assez bien campée pour susciter l’engouement, elle n’arrive pas non plus à éviter le côté fauché malgré son technicolor. On est dans le ventre mou du genre, donc… Pour les inconditionnels des tuniques bleues ! 1.5