Homesman (adapté du roman de Glendon Swarthout) nous emmène dans l’Amérique de la moitié du XIXème siècle, époque durant laquelle les pionniers et les fermiers régnaient en maîtres dans l’Ouest. Parmi eux, Mary Bee Cuddy (interprétée par Hilary Swank), une femme de la terre, tenace et courageuse, qui dirige seule son domaine. Alors qu’elle vient d’accepter de conduire trois femmes folles dans l’Iowa, elle délivre Georges Briggs (Tommy Lee Jones) brigand peu courageux, bien inconfortablement installé sur son cheval et pendu presque haut et court à un arbre. En échange de sa libération, celui-ci promet de l’aider dans sa mission et conduire, saine et sauves, ces quatre femmes en proie à un chemin semé d’embûches.
Hilary Swank y incarne à merveille une propriétaire de ferme, « mégère et laide comme un tas de briques » (dixit le personnage de George Briggs). Cela n’empêche qu’elle laisse transparaître une force de caractère et une ténacité qui ne semblent pas feintes. Son personnage habité par une terrible solitude et une foi sans borne, est entraîné dans un destin qui ne devait sans doute pas être le sien. Tommy Lee Jones y est truculent, tantôt dépravé, tantôt sensible, sa palette d’émotions attestant que ce vieux de la vieille n’a plus à faire ses preuves.
Dans le casting secondaire, on retrouve, entre autres, Miranda Otto (dont les traits ont vieilli depuis les deux derniers volets du « Seigneur des anneaux » où elle incarnait Eowyn), Grace Gummer (« American Horror Story » ou « Smash ») et Sonja Richter (vue dans « Une éducation norvégienne » ou dans « The Keeper of Lost Causes »). Ces trois folles murées dans leur silence parviennent à nous mettre mal à l’aise et offrent des scènes parfois choquantes mais réalistes pour l’époque.
Les paysages y sont fabuleux ! De la neige au soleil, des flocons aux particules de poussière, nous arpentons les Grandes plaines de l’Ouest aux côtés de ce convoi hors norme auquel nous sommes attaché bon gré mal gré. La photographie est sans aucun doute un des atouts majeurs de ce film.
Fan de western, passez votre chemin car ici, cow-boys et indiens ne sont que de pâles figurants. En effet, ce « road movie » laisse la place à l’émotion, à l’entraide et à l’accomplissement d’une mission plus délicate qu’il n’y paraît. Peu de tirs de fusils, pas de scalp, d’aucun trouveraient sans doute ce film un trop calme… car en poussant la porte de la carriole de Tommy Lee Jones, ce n’est pas l’action que l’on vient chercher mais une quête intérieure qui marquera les spectateurs, pour le meilleur ou pour le pire…