Avec un casting de tout premier choix et des seconds rôles irrésistibles, avec un scénario tellement surréaliste qu’il en devient immédiatement enthousiasmant, avec un humour (parfois très) noir et potache, « 9 mois ferme » n’a au final qu’un seul défaut : il est trop court ! 1h22, pour un film qui ne lève jamais le pied, c’est dire si le temps passe vite et qu’on est carrément frustré quand la lumière se rallume ! Le scénario, comme je l’ai dit, tient la route et fonctionne parfaitement. Evidemment, il faut accepter le postulat de départ, Dupontel réalise ses films comme on réalise des immenses cartoons pour adultes, tout n’est pas ni très subtil, ni franchement réaliste mais on s’en fiche ! Surtout que visuellement, tout cela est très bien réalisé, il y a des jolis plan, de beaux enchainements, des plans séquences très réussis (scène d’ouverture). Albert Dupontel s’applique, soigne son travail, et c’est quelque chose que je veux souligner parce qu’on pourrait être tenté de le réduite à un scénariste déjanté et un acteur de talent, alors qu’il est aussi un très bon réalisateur. Difficile, voire impossible de ne pas s’attacher aux mésaventures de Sandrine Kiberlain (épatante, elle dévoile ici un potentiel comique qu’elle n’avait encore jamais vraiment exploité) et d’Albert Dupontel (égal à lui-même, c'est-à-dire génial !). Les seconds rôles sont l’occasion d’un véritable défilé de talent et de scènes franchement irrésistibles : Nicolas Marié en avocat bègue (je sais que ce n’est pas bien de se moquer du bégaiement qui est un vrai handicap mais là, c’est trop difficile de résister à sa plaidoirie), Philippe Duquesne en médecin légiste (je ne dirais qu’un mot : beurk !), Bouli Lanners en agent de vidéosurveillance libidineux, mais il y en a plein d’autres. Et je n’oublie pas les clins d’œil très courts des potes d’Albert, Jean Dujardin (dans un rôle muet, comme quoi…) et Terry Gilliam. Franchement, armé de son casting, de son scénario et de son humour très noir, Dupontel ne laisse pas beaucoup de répit aux zygomatiques de ses spectateurs ! Je n’avais pas autant ri depuis bien longtemps devant une comédie française, çà fait un bien fou au milieu de cette grisaille. Alors, on peut peut-être trouver à redire si on ne goûte pas l’humour très spécial de Dupontel, on peut ergoter sur le peu de nuance avec lequel il dépeint la police et le monde de la Justice (mais surtout la police, avec laquelle il semble avoir un petit contentieux !), on peut faire la fine bouche devant le mauvais gout qui affleure régulièrement du film, oui, on peut… Mais je n’ai pas envie d’ergoter ou de faire la fine bouche, « 9 mois ferme », ce n’est pas un film pour cinéphile plum-plum abonnés à Télérama, c’est du cinoche, du p… de bon cinoche ! Et vlan !