White Tiger est un film russe de qualité, même si, rejoignant certaines critiques, il est inférieur à ce que le synopsis pouvait laisser attendre.
L’interprétation est très convaincante. Les acteurs livrent vraiment de belles prestations, solides, assez classiques et en même temps audacieuses. Je relève en particulier un surprenant Aleksey Vertkov, qui livre une interprétation intrigante du héros, à mi-chemin entre le militaire et le mystique ! Il a vraiment quelque chose de mystérieux, peut-être un poil inquiétant même, qui maintient sans difficulté l’intérêt.
Le scénario part sur d’excellentes bases. L’idée d’un char fantôme est très intéressante, et même s’il y a une couche de fantastique pas toujours top (le dieu des chars…) c’est globalement assez maitrisée pour passer. D’autant que le film garde une dimension réaliste, garde un sentiment d’authenticité qui lui permet de rester à flot. Le film a aussi l’avantage d’être parfaitement rythmé, et l’1 heure 40 passe vraiment sans problème. De ce point de vue cela témoigne d’un divertissement efficace et prenant. Maintenant, on ne peut nier que le métrage laisse un peu dubitatif par moment. L’ellipse entre le début et la fin de la 2nd guerre mondiale est quand même super longue, et se fait sans aucune explication ni rien. Il y a un réel problème de fluidité d’ailleurs dans l’ensemble, avec un film qui parait beaucoup trop découper en chapitre. Par ailleurs, même si l’absence d’explication globalement voulu par le film se justifie pleinement parfois (sur le char justement, cela permet vraiment de faire jouer l’imagination), parfois on a le sentiment que c’est simplement parce que le scénariste ne savait pas trop quoi nous sortir (la régénération miracle du héros). Du coup il y a un petit sentiment de bancal qui reste en bouche à la fin.
Visuellement le spectacle est solide. La mise en scène est dynamique, suit bien l’action, et s’avère à la hauteur du sujet. On n’a pas l’impression d’être dans une petite série B. Le réalisateur essaye d’avoir de l’ambition, et s’attache à donner un beau style cinématographique, à mi-chemin entre le spectacle à l’américaine et le film de guerre russe dans sa plus pure tradition (lenteurs de certains plans voir fixité, détail des décors…). Je relève aussi une photographie classique mais élégante, à base de tonalités grises. C’est relativement attendu mais le résultat est convaincant là encore, et jamais dans l’excès. Les décors enfin nous plonge sans difficulté sur le front est avec sa nature sauvage, ses isbas… C’est soigné et l’on sent que le film essaye vraiment de se distinguer du tout venant et de lutter dans la cour des grands avec un budget que l’on imagine bien plus faible que Il faut sauver le soldat Ryan. Je relève encore des chars tout à fait intéressant. On regrettera peut-être qu’ils n’apparaissent finalement qu’assez peu, du moins en action. La dernière demi-heure notamment les voyant totalement disparaitre au profit d’une toute autre orientation scénaristique, sympathique mais éloignée du sujet Reste que les scènes d’action sont belles et nerveuses. Enfin les choix sur la bande son étaient bien vu. Dommage qu’elle soit finalement assez timidement employée.
Au bout du compte White Tiger est un petit film de guerre sympathique et assez réussi. Pour moi très clairement il souffre d’un scénario trop brouillon, qui n’aurait pas du hésiter à durer une bonne vingtaine de minutes de plus. Le découpage est haché du coup, il y a des ellipses, beaucoup trop de questions en suspend… Les chars sont aussi sous-employés, mais à part cela j’ai envie de dire que le film est très convenable. Je lui accorde un 3.5, et il a un coté plaisant qui en justifie un petit visionnage si l’occasion se présente.