Après les anciens jeux vidéo 8-bits, le second volet des aventures de Ralph et de la petite Vanelope se déroulent, comme le titre du film l’indique, sur le web, où les deux amis recherchent un volant d’occasion pour réparer la borne d’arcade de la seconde, autrement promise à la casse. Ahem. La dernière production familiale à avoir pris Internet comme toile de fond fut l’affreux ‘Monde secret des émojis’...et j’avais déjà un peu de mal avec le message de déterminisme social véhiculé par ‘Les mondes de Ralph’. Autant dire que ‘Ralph 2.0.’ ne partait pas gagnant à mes yeux, et je confirme qu’il est un peu dérangeant de voir eBay, Google, Snapchat, Twitter, Amazon et tous les ogres du numérique bénéficier d’une telle exposition gratuite auprès du (jeune) public, tout en étant présenté sous un jour sympathique et coloré. Pourtant, on ne va pas se mentir : comme dans ‘le monde des émojis’, il est difficile de prétendre qu’on n’éprouve aucun plaisir à découvrir comment les concepteurs s’y sont pris pour incarner des concepts abstraits comme la barre de recherche, le spam ou les enchères eBay et toutes ces trouvailles sont généralement originales et amusantes. Et puis, le scénario n’est pas si mal que ça, avec une petite morale sur l’amitié possessive et le fait d’accepter de laisser les amis/enfants vivre leur vie, et quelques scènes vraiment efficaces, comme celle ou Vanelope débat avec les princesses Disney et dont je me demande encore quel degré de cynisme Disney a injecté dans cette apparente auto-critique. Dans l’absolu, si on fait l’impasse sur un univers propre à irriter tous les vieux cons comme moi, ‘Ralph 2.0.’ est une production d’animation plutôt réussie...mais il y a tout de même quelque chose qui me chiffonne dans toute cette histoire : je me demande à quel public (enfantin) ‘Ralph 2.0.’ peut bien s’adresser ? Les petits enfants, jusqu’à 7 ou 8 ans, auront sans doute des difficultés à cerner l’univers, l’abstraction des concepts propres à Internet les rendant difficiles à appréhender. Pour les enfants plus âgés, le problème est différent : je ne suis pas certain qu’ils saisiront l’ironie de certaines scènes, comme la tirade sur le fait qu’Internet a été inventé pour permettre à des gens de faire le buzz avec des vidéos débiles...ni qu’ils auront la distanciation nécessaire vis-à-vis de cette vision idyllique du monde virtuel, où il est possible de gagner de l’argent en jouant à des jeux vidéo et dans laquelle des milliers d’inconnus vous adulent pendant un laps de temps très court juste parce que vous avez posté la vidéo d’un chat dans une boîte. Ou alors, je me trompe du tout au tout : ce que, ‘Ralph 2.0.’ présente, c’est la Réalité et c’est ma propre distanciation qui me rend incapable de le comprendre…