En 2012, le premier ‘Iron Sky’ fut une sorte de petit miracle : une idée débile - l’attaque des Nazis de la face cachée de la lune - qui avait fait son chemin chez des passionnés qui avaient perçu tout le potentiel qu’ils pouvaient en tirer, juste en ne réfrénant pas leurs envies de faire n’importe quoi. Le pari avait abouti à un nanard de luxe, original, drôle et sarcastique, et qui affichait en tout cas ces qualités en bien plus grand nombre que la majorité des blockbusters sortis la même année : quelque chose qu’on pouvait aisément mettre au même plan que le premier ‘Machete’, par exemple...ou même, à l’extrême limite, que le premier ‘Sharknado’. Huit ans, plus tard, la suite de ‘Iron sky’ déclenche les mêmes constats désabusés que la suite de ‘Machete’ et que les multiples séquelles de ‘Sharknado’ qui ont succombé précisément au même travers : dans ces trois exemples, il aurait tellement été mieux d’en rester là ! Si les moyens ont certainement plus que doublé, on a toujours affaire aux mêmes décors en numérique baveux avec les acteurs incrustés de façon pourrave mais après tout, ça ne dénaturait pas réellement l’enthousiasme qu’on pouvait éprouver pour le premier épisode. En revanche, et même si je sais qu’on ne juge les gens sur leurs intentions, quelque chose ne fonctionne plus du tout dans cette suite. En forçant le trait, on pourrait dire que les geeks un peu barrés du premier, qui étaient parvenus à une alchimie incertaine mais concluante, ont laissé la place à une armada de consultants ayant longuement potassé “La culture geek pour les nuls” : on sent comme une volonté de récupérer ceux qui auraient pu se retrouver largués ou même choqués par le premier volet, et c’est systématiquement la chose à ne pas faire dans ce genre de configuration. Quand j’aime un film idiot, je ne veux pas avoir à le partager avec “ces gens-là” ; je ne veux pas avoir à leur expliquer comment il est possible qu’un film soit crétin, voire mauvais, et puisse me procurer une vive satisfaction en même temps. Alors oui, sur le papier, le résultat ne semble pas démériter : la Terre creuse, les Reptiliens, Adolf Hitler qui chevauche un T.Rex,...on reste dans le ton. Pourtant, la mayonnaise ne prend pas : tout a l’air...si calculé, si artificiel. ‘The coming race’ ne parvient plus à atteindre ce précaire état de grâce de trip débilo-complotiste traité comme un sujet sérieux sans que personne ne soit dupe. Il se montre extrêmement paresseux dans toutes ses autres dimensions, considérant une fois de plus que la simple énumération d’idées plus ou moins décalées tient lieu de projet à part entière. Cette suite ayant suscité une indifférence totale auprès du public au point de mettre ses producteurs sur la paille, il est permis d’espérer que la franchise ‘Iron Sky’ restera dans l’histoire et dans les mémoires uniquement comme une sympathique friandise-bis de 2012.