La sécurité routière est un sujet fascinant. Qui nous concerne tous. Nous tous qui nous déplaçons. Nous tous - ou quasiment tous - qui conduisons, plus ou moins prudemment. Nous tous qui avons eu l'occasion de perdre des points - ou de trembler d'en perdre. Voire d'être témoins ou victimes d'accidents de la route.
"Tout est permis" est le titre intelligent d'un documentaire intelligent.
Parce que sur la route, tout, précisément, n'est pas permis. Alors que, paradoxalement, l'isolement dans l'habitacle de son véhicule et la puissance que nous confère la seule pression du pied droit nous donnent la fallacieuse impression qu'au volant tout serait permis.
Coline Serreau - qui connut le succès il y a près de trente ans avec "Trois hommes et un couffin" - a filmé des stages de récupération de points. Des conducteurs, jeunes ou vieux, riches ou pauvres, ont pour seul point (!) commun une relation compliquée au code de la route. Ils ont perdu leurs douze points parce qu'ils roulent trop vite, ont trop bu et/ou téléphonent au volant. Ils partagent aussi une même rancœur à l'égard d'une réglementation dont ils estiment qu'elle bride abusivement leur liberté individuelle.
Inlassablement, face à eux, les animateurs des stages font œuvre de pédagogie avec une patience de bénédictin. Excessives, les limitations à 50 km/h ? Ridicule, l'interdiction du portable au volant ? Moralisatrice, la lutte contre l'alcoolémie ? Exemplaires, les autoroutes allemandes ?
Les limitations de vitesse en zone urbaine réduisent exponentiellement les risques de chocs mortels. Téléphoner au volant multiplie par 4 le risque d’avoir un accident corporel. L’alcoolémie positive d’un conducteur est présente dans les accidents causant 30,9% des tués sur la route. Sur les 12.000 km d'autoroutes outre-Rhin, seulement 388 km ne sont pas limitées mais enregistrent une accidentologie trois fois plus forte qu'en France
Sans doute Coline Serreau ne révolutionne-t-elle pas l'art du documentaire en filmant à la queue leu leu des témoignages tragico-comiques d'un bon sens désopilants.
Mais ce concentré de comédie humaine est si révélateur, non seulement de notre relation à la route, mais aussi de notre relation aux autres, qu'il mérite amplement d'être regardé par tous les conducteurs, présents ou futurs. Ce qui fait, tout bien considéré, un large public ...