« Le chant de la mer » fait partie de ces films à l’univers unique. Devant ce conte ensorcelant, sorti fin 2014, le temps suspend son vol, et on a l’impression d’être emportés dans un autre monde, mystérieux et extraordinaire, loin de toute considération de notre vie bien terre-à-terre durant un peu plus d’une heure trente.
Les frère et sœur Ben et Maïna, tout du moins au début, entre la présence toute relative de leur père, en quelque sorte démissionnaire, qui tente de faire comme il le peut afin de continuer à vivre convenablement malgré la peine de la perte de la mère de ses enfants, et leur grand-mère qui, en voulant les extirper d’un environnement qu’elle estime non protecteur et néfaste, les emmène avec elle vivre en ville, loin de leur père, de leur chien et fidèle ami, Jo (qui se révèlera être, plus tard, d’un soutien et d’une fidélité sans failles), de leur île, et donc de leurs racines et des derniers souvenirs qu’ils possèdent de leur mère. Souvenirs, qui, pour Ben et Maïna surtout, se révèlent être des objets bien plus fantastiques qu’ils n’y paraissent : un manteau blanc et un coquillage, par lequel Maïna se sent irrémédiablement attirée, comme un aimant, sans savoir pour quelle raison au départ… Comme si elle savait, au fond d’elle, qu’il a un sens et une signification pour elle, en l’occurrence le fait qu’elle soit à moitié une Selkie, créature de la mer.
Maïna et Ben, en tant que frère et sœur, sont absolument touchants. Ben, agacé par sa sœur et l’attention que leur père lui porte plus qu’à lui, pense-t-il au départ, va protéger sa petite sœur quand il comprendra pourquoi leur mère a disparu et pour quelles raisons il doit absolument protéger Maïna avant qu’elle ne subisse à son tour le même sort…
La scène avec Grand Chanaki (le sidhe savant mais distrait aux cheveux et à la barbe très longs), où il peut voir le souvenir de la naissance de sa sœur et la disparition de sa mère est très émouvante.
Le métrage transmet de belles valeurs : le sens de la famille, l’entraide, la persévérance, l’amitié, la fidélité, même dans l’adversité.
Le film se révèle être un régal pour les yeux, mais aussi pour les oreilles : le visuel et le graphisme sont sublimes, les couleurs magnifiques et flamboyantes ; une musique irrésistible, aux accents celtiques, composée par le talentueux Bruno Coulais, à la carrière de compositeur impressionnante, qui a notamment « œuvré musicalement » pour le film d’animation franco-luxembourgeois « Croc-Blanc », sorti au début de cette année. La chanson éponyme, lors du générique de fin, et « La berceuse de la mer » sont interprétées par Nolwenn Leroy, désormais familière des contes et légendes celtiques puisqu’ils font partie intégrante de ses origines bretonnes et donc de ses racines.
« Le chant de la mer » est un conte de toute beauté, souvent mélancolique, parfois drôle, mais toujours tendre et bienveillant. La fin se révèle magique, bouleversante et certains ne pourront retenir leurs larmes.
Ma critique complète du film sur mon blog: reves-animes.com