Très bon techniquement et justement récompensé, le film offre une réflexion distanciée en nous faisant entrer dans une histoire d'éducation qui s'enlise dans ses contradictions , un enfer pavé de bonnes intentions qui mêle les thèmes de la perfection chers aux idéalistes individualistes des extrêmes gauches ou droites et s'appuie sur un vaste faisceau de références : Platon, Chomsky, l'anarchisme, le hippisme, Trotski, l'odinisme ou l'asatru , Thoreau, le survivalisme, Mao , le bouddhisme, Nietzsche, le naturisme.... Contradictions aussi d'idéalismes qui ,ici en tout cas, ne peuvent exister sans argent, beaucoup d'argent en fait . Un marginalisme friqué et un débat de riches , hélas . Le film laisse habilement planer le doute sur ses intentions jusqu'à la fin et c'est habile, trop peut-être ( comme pour God Bless America, V pour Vendetta ou le Joker, tous ne relativiseront peut-être pas) . Dernière remarque toutefois : non , tous , même avec la meilleure éducation du monde , ne pourront pas , à cause de limites cognitives bien réelles , apprendre 6 langues, les dernières théories de la physique, argumenter sur Nabokov, tirer juste à l'arc, faire des percussions ou du Yoga, voler à l'étalage ou apprécier les variations sur les Variations Goldberg ...On peut tirer en même temps sur toutes ces ficelles mais peu excelleront dans toutes . Tous ces enfants extraordinaires , et unis, sont de l'ordre de l'utopie ( dangereuses pour le coup car elle escamote les vrais problèmes d'une éducation devenus très inégalitaire; mais salutaire aussi car elle rappelle que nous pouvons tendre à être des humains complets et perfectibles ,sans et au grand dam des entrepreneurs , du sabre et du goupillon) .