Une belle petite surprise, à côté de laquelle le spectateur peut aisément passer à côté en raison de l’arrivée récente ou imminente de bon nombre de films destinés à un gros succès commercial, sans compter ceux qui jouent les prolongations à l’affiche. En effet, on ne peut pas dire que "Baby driver" ait bénéficié d’une promo tapageuse (loin de là même), puisque le devant de la scène de la publicité a été pleinement laissée à des œuvres nettement plus lucratives. Mais si vous avez la bonne idée comme moi de visionner la bande-annonce, il y a de fortes chances que la curiosité vous envahisse. Pensez donc : un jeune garçon mystérieux, de l’action, un rythme d’enfer, et un brin d’humour semblent être au programme de ce "Baby driver". Impossible de ne pas penser aux sagas "Fast and furious" et/ou "Le transporteur". Alors qu’en est-il de ce "Baby driver" ? Eh bien sans attendre, il met le spectateur dans le bain : une caméra s’attarde sur la devanture d’une banque, devant laquelle s’arrête une superbe Subaru Impreza WRX à la robe rouge rutilante, dont le chant de son 4 cylindres en ligne gonflé à block vient accompagner une musique déjà présente. Alors que le cambriolage se perpètre dans l’enceinte de l’agence bancaire, Ansel Elgort nous sort un show auquel on ne s’attend pas. Il faut dire que, doté d’un visage aussi impassible que juvénile, son personnage ne semblait pas enclin à exprimer la moindre émotion. Et pourtant, ce show permet au spectateur de se rendre compte à quel point Baby est bercé par la musique. A tel point qu’on pourrait parler d’exubérance, du moins lorsqu’il est livré à lui-même. Mais dès lors que ses talents de pilote doivent s’exprimer, c’est le retour du visage inexpressif derrière sa paire de lunettes noires. Pire : il semble d'une sérénité à toute épreuve ! Seul subsiste ce besoin d’écouter de la musique. Une musique qui lui permet de se concentrer au mieux sur la mission qui lui revient. Une musique qui lui permet d’être diaboliquement efficace. Cette musique permet aussi de développer la psychologie de ce drôle de gamin, laquelle va être argumentée aussi en revenant sur son passé par l’intermédiaire de flash-backs. Ainsi, le spectateur obtient un portrait détaillé de Baby. Dit comme cela, il se peut que vous craigniez que ça ne vous paraisse un peu long. Eh bien non : les informations relatives à Baby sont données au compte-goutte, et toujours à bon escient. Ce n’est pas le cas des autres personnages : leur développement est succinct, voire inexistant, mais le spectateur en sait suffisamment sur chacun d’entre eux, car son intérêt se porte principalement (et uniquement ?) vers ce jeune garçon. Ainsi nous avons affaire à un Kevin Spacey… comment dire ? disons à la bienveillance inquiétante. Son personnage ne bénéficie pas d’une stature (ou présence, comme vous voudrez) à la mesure du charisme de l’acteur, mais cela est fait aussi (et c’est assez bien vu) pour servir la naïveté du jeune homme. Parmi les autres personnages, le plus étonnant n’est autre que Jamie Foxx, que je n’attendais pas dans un rôle de méchant (certes je ne connais pas toute sa filmographie). Le fait est qu’il y a mis beaucoup de conviction, et force est de reconnaître qu’il est convaincant, en grande partie grâce à un regard noir et aiguillonneux, ou inquisiteur si vous préférez. Cependant, pour le côté effrayant, il finit presque par se faire voler la vedette par Jon Hamm (Buddy), celui-là même qui forme un bien joli couple avec une Eiza Gonzalez délicieuse de sensualité. Ce qui fait l’originalité de ce film, c’est l’omniprésence de la musique. Il faut dire qu’avec un personnage principal rarement décroché de ses i-pods, on ne pouvait que très difficilement éviter cette approche. Au contraire, cette mélomanie a été transformée en atout majeur de ce long métrage, en prenant soin d’incorporer chaque bruitage à la bande originale : les coups de feu, le son dégagé par les pales d’un hélicoptère… ils deviennent de vrais instruments de musique à part entière ! et ils font de ce "Baby driver" un nouveau genre de comédie musicale on ne peut plus moderne carburant à fond la caisse sur une longue playlist décidément éclectique et unique en son genre. Le tempo de la musique sert même carrément de métronome pour le déroulement de certaines scènes ! Restent les cascades, par le biais de folles courses-poursuites, avec une multiplication des prises de vue qui rendent les scènes d’un réalisme à couper le souffle : tour à tour intérieures et extérieures, tantôt à ras du sol, tantôt en caméra embarquée avec un focus fait sur les roues en dérapage bloquées (ou non) au frein à main, ou encore tantôt en aérien (depuis un hélico ou le haut d’un immeuble). "Baby driver" est donc un vrai divertissement mené tambour battant aux airs de pop-corn movie. Dommage que l’humour soit finalement le grand absent : la seule scène qui en est empreinte est déjà présente dans la bande-annonce pour y faire davantage mouche en étant moins dans le contexte. Et dommage aussi que la dernière course-poursuite (Baby VS Buddy) tourne court… Il y avait pourtant de quoi faire avec cette Dodge Challenger SRT Hellcat ! Quoiqu’il en soit, lorsque vous regagnerez votre voiture en sortant de la salle, ce n’est pas parce que l’autoradio s’allumera en démarrant votre moteur que vous devrez faire crisser les pneus et monter dans les tours ! Impossible de ne pas y penser pourtant, je vous assure. D’ailleurs, pour casser cette dynamique, je vous dirai que les choses ont été par moments un peu trop poussées : en témoigne le moteur d’une simple Toyota Corolla dont le bruit fait penser celui de la Subaru du début… Ecoutez le vôtre, et vous saurez tout de suite la différence : ça calme ! Enfin sauf si vous avez une sportive, mais… mollo hein ! (Lol !)