Les Filles au Moyen Âge : les secrets du tournage

Le metteur en scène Hubert Viel explique pourquoi il a choisi de parler de l’émancipation des femmes au Moyen Âge : "En fait je suis tombé sur un article étonnant sur Internet qui montrait en quoi le système médiéval était authentiquement socialiste à côté de nos social-démocraties qui ne le sont plus du tout. Ce système était mutualiste, et souvent fondé sur la notion de don ou de charité. Le seigneur était tenu de protéger ses paysans, pas seulement militairement, mais aussi en recueillant des doléances et en assurant les subsistances s’il y avait de mauvaises récoltes. Il était sous beaucoup d’aspect leur serviteur. Au sein de ce système, il n’est pas étonnant que les femmes furent très respectées, et qu’elles avaient un certain pouvoir, qu’elles furent nobles ou paysannes."

A sa vision, Les Filles au Moyen Âge ne donne pas l'impression d'être un film historique ou pédagogique, mais est davantage poétique, voire onirique. Hubert Viel précise : "Il y a une quinzaine d’année, Marc Jolivet qui avait l’habitude de tourner des films sociaux à tendance naturaliste, s’était attelé à un film médiéval où Vincent Lindon jouait " le fils du guerrier". Il avait gardé son dispositif habituel avec sa caméra à l’épaule sensée aider à produire du réalisme. J’avoue avoir beaucoup rigolé dans la salle, au détriment du film j’entends. C’était une vraie catastrophe. En fait mon film est poétique car le Moyen Âge l’était. On a conservé pas mal de documents administratifs ou militaires, comme par exemple des lettres de généraux prisonniers qui réclamaient qu’on les libère sous rançon : elles sont écrites en alexandrin. C’est aussi parce que l’époque est hautement spirituelle, alors le moindre acte qui peut nous paraître anodin et terre à terre, devient un sacerdoce. Tout est rite, tout est cérémonie. J’ai trouvé qu’il n’y avait pas de meilleur moyen de rendre hommage à cette période que de la représenter avec lyrisme, humour et décalage. On rit énormément au Moyen Âge."

C'est aussi dans cette optique que Hubert Viel a choisi de faire jouer tous les rôles du film à des enfants : "Avec ce dispositif, j’étais sûr de ne pas me prendre au sérieux, et de m’amuser. Mais il y avait aussi une politique du dénuement. Tourner dans des décors naturels très dépouillés, souvent sans artifice, en utilisant un champ ou une forêt tels quels. Et puis les enfants sont seulement six à se partager tous les rôles. Il y avait un côté spectacle de CM1 qui m’allait bien. Et puis de toute façon c’est un film fauché, ça m’arrangeait bien."