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    Court (En instance)
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    3,3
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    traversay1
    traversay1

    3 090 abonnés 4 623 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 13 mai 2016
    Le nouveau cinéma indien se porte très bien, merci pour lui. Après La saison des femmes, dans un style très différent, Court, premier film d'un prodige indien de 27 ans (au moment du tournage), le démontre avec brio. Plutôt que de dénoncer une injustice à partir d'un cas avéré de fausse accusation, le réalisateur, Chaitanya Tamhane, fait le procès de la justice indienne sur un ton naturaliste et souvent contemplatif, le plus souvent en plans larges, qui loin d'atténuer son propos, le renforce abondamment. Toute la violence et les contradictions de l'Inde s'y trouvent concentrées au point que le film pourrait presque être un documentaire. Presque, seulement, car Court est semé de scènes qui quittent le prétoire pour s'attacher aux pas d'une procureure, d'un avocat et d'un juge, jusque dans leur vie quotidienne et leur cuisine. Le résultat est étonnant : il pourra sembler fastidieux à certains car sans autre fil conducteur qu'un procès qui traîne en longueur mais ce qu'il montre de l'Inde, la corruption, l'incurie, la pauvreté, l'extrême diversité des langues et des croyances, en font une caisse de résonance absolument passionnante pour qui s'intéresse à la complexité du sous-continent. Pour reprendre un vieux cliché éculé ; entre tradition et modernité, le portrait vertigineux d'un système vicié et inique dénoncé avec subtilité et la froideur d'un constat distancié.
    Yves G.
    Yves G.

    1 278 abonnés 3 289 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 7 juin 2016
    Voilà un film indien intitulé "Court". On comprend que les distributeurs français aient hésité à le sortir sous ce titre qui aurait conduit à bien des incompréhensions. On imagine qu'ils ont cherché une traduction française plus explicite. "En court" aurait pu faire l'affaire. "En instance" n'est pas mal non plus : le titre renvoie à la fois au statut de l'accusé (il est en instance d'être jugé) et au procès qui se déroule sous nos yeux (l'instance judiciaire). Mais pourquoi diable avoir accolé les deux titres, anglais et français ?

    Ce titre bancal est un bien mauvais service rendu à ce film hors norme. A mi-chemin du documentaire et de la fiction, le jeune réalisateur indien Chaitanya Tamhane fait jouer à des acteurs, amateurs et professionnels, un procès bien réel. L'accusé : un vieux chanteur contestataire, à la mise irréprochable, mais dont les compositions inquiètent le pouvoir et électrisent les foules. Le chef d'inculpation : le texte d'une de ses chansons aurait poussé au suicide un éboueur. Le seul énonce des faits suffit à prouver l'inanité de l'accusation. Mais le caractère ubuesque de la justice indienne, son formalisme ampoulé, son mépris éclatant des individus derrière ses formes policées ne résistent pas à l'exposition clinique de ses procédures par la caméra d'un documentariste qui louche du côté de Frederik Wiseman ou de Raymond Depardon (on pense aux procès de "10ème chambre, instants d'audience").

    Rien d'excessif, rien de manichéen dans ce film. Le président fait son travail, la procureure aussi, l'avocat de la défense pas mieux. "Court (en instance)" se termine par un épilogue déconcertant qui nous éloigne de l'instance... pour mieux nous la faire comprendre.
    Daniel C.
    Daniel C.

    131 abonnés 715 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 16 mai 2016
    C'est étonnant de s'appeler "Court" et de durer près de deux heures ! Oui, je sais, le titre est en anglais, mais quand même... Un premier film d'une telle densité par un si jeune réalisateur, c'est un bel exploit. Le propos du film, c'est de nous montrer combien l'art peut être considéré comme une subversion extrême. Le théâtre de la justice se déploie dans toute son étroitesse, dans sa soumission à l'ordre établi. Castes et religions sont pris à témoins du caractère offensant des paroles d'une chanson. Un homme de soixante-cinq ans est emprisonné pour l'une de ses chansons, qu'il "aurait" interprété et qui "aurait eu" un effet néfaste sur un égoutier. La première fin du film m'a rappelé celle du "Carrosse d'or" de Jean Renoir. L'épilogue est savoureux et inattendu pour nous restituer combien parfois ceux à qui l'on confie un pouvoir peuvent ne pas s'avérer à la hauteur de la tâche. Ce qui est déconcertant dans ce film, c'est combien chacun se soumet absolument aux protocoles. Point d'effets de manches des avocats, point de grandiloquence, surtout pas d'arrogance. Parfois, une incursion dans le quotidien des protagonistes les montre sous un jour peu glorieux. L'accusé, qui devrait être la figure centrale du procès, a finalement peu la parole. Par contre la longévité de la procédure judiciaire, m'a rappelé celle du divorce impossible dans "Le procès de Viviane Amsalem". Finalement, quand la religion participe au pouvoir, ce n'est que source d'embarras supplémentaire : on en vient à condamner au nom de l'ordre moral, au nom de pseudos troubles à l'ordre public. Un film qui mérite vraiment le déplacement.
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