Avis sur Una

Una sort de sa voiture sur le parking d'une usine. À la fois déterminée et fébrile, elle accélère le pas et évite de croiser le regard des quelques ouvriers à l'extérieur. Alors qu'elle longe seule le mur de l'immense bâtiment, elle est soudain prise de nausées et se cache dans un taillis pour vomir. Puis, elle se ressaissit, rentre à l'intérieur et, grâce à la précieuse photographie qu'elle a conservé, demande à un jeune ouvrier où elle peut trouver l'homme qu'elle recherche. Celui qu'elle est venue affronter après avoir découvert qu'il avait changé de nom et recommencer une nouvelle vie. Celui qui l'a abandonnée il y a bien longtemps dans une chambre d'hôtel après lui avoir promis qu'ils s'enfuiraient tous les deux. Celui qui a abusé d'elle lorsqu'elle avait 13 ans.

Avec cette adaptation cinématographique de la pièce "Blackbird" de David Harrower (également scénariste) en guise de premier long-métrage, on ne peut pas dire que Benedict Andrews ait opté pour la voie facile. Pourtant, en disséquant les ravages d'une relation contre-nature sur deux existences à travers les "retrouvailles" de ceux qui l'ont vécu, "Una" va se retrouver dans une espèce d'entre-deux passionnant où la fascination se dispute constamment au malaise.

Cela commence bien sûr par le personnage d'Una et les motifs flous qui entourent sa démarche des années après qu'elle fut abusée par ce voisin et ami de ses parents. Est-elle venue "simplement" se confronter à lui par esprit de vengeance, lui faire reconnaître la portée de l'acte innommable commis ? Est-elle là parce que, lui, a pu s'octroyer une nouvelle vie après avoir purgé sa peine alors qu'elle a passé toutes ses années bloquée dans sa maison d'enfance avec sa mère, à ressasser son drame dans un quartier où tout le voisinage en connaissait la teneur ? Ou serait-elle seulement venue le voir pour comprendre pourquoi il l'avait abandonnée le fameux soir de son arrestation et mettre des explications sur la fin de leur relation ?
À vrai dire, c'est évidemment tout ce mélange d'émotions contradictoires habitant Una, un personnage torturée par la conscience d'avoir été abusée et incapable de contenir des sentiments autrefois bel et bien éprouvés, qui la rend aussi mystérieuse qu'intéressante aux yeux du spectateur.

En face d'elle, le portrait de son agresseur est dessiné de manière toute aussi floue pour créer un peu plus de trouble. Avons-nous affaire à un prédateur passé maître dans l'art de manipuler les sentiments d'une pré-adolescente pour assouvir ses fantasmes ou un homme brisé qui a commis l'erreur irréparable d'une vie et faisant tout pour l'oublier ? Dans un premier temps, le film va entretenir cette frontière forcément vectrice d'un incroyable malaise entre la pédophilie et l'idée d'une réelle relation amoureuse réciproque en la faisant déteindre sur les ruptures de tons des différentes conversations entre Una et son ancien voisin.

Même si des agissements entrevus dans des flashbacks ainsi que des silences et des omissions à certaines questions feront pencher la balance d'un certain côté, c'est bien dans cette hésitation permanente que le long-métrage tirera sa principale force -et comme on l'imaginer, il doit être en de même pour la pièce. La tension et ses multiples sources habitent chacun des échanges entre Rooney Mara et Ben Mendelsohn, tous deux absolument géniaux pour toujours fragiliser nos certitudes autour de leurs deux personnages et rendre imprévisible la tournure de leur nouvelle relation.

Visuellement, Benedict Andrews entretient aussi plutôt bien la carte du trouble lorsque, par exemple, il met en avant le visage de Ben Mendelsohn rendu sinistre par la pénombre ou quand il réduit Rooney Mara à une taille enfantine au milieu des gigantesques étagères d'un entrepôt. Mais c'est aussi sur ce plan que "Una" connaît sa plus grosse faiblesse : le contexte qui voit les deux personnages jouer à cache-cache avec le personnel du l'usine apparaît en effet comme une métaphore pas vraiment subtile de la société vis-à-vis de la réminiscence de leur relation interdite et vient même parfois parasiter la puissance de son propos.

Peut-être est-ce là un des uniques défauts de "Una", de même que sa dernière partie, plus attendue mais terriblement nécessaire pour appuyer de la manière la plus noire qu'il soit la prise de conscience de son héroïne...
Dans tous les cas, le film de Benedict Andrews exerce un tel pouvoir de fascination et de malaise par la confrontation de certaines facettes les plus contradictoires de l'âme humaine qu'on ne peut que passer outre et saluer la qualité de l'arène d'émotions sombres dans laquelle il n'a de cesse de nous entraîner.

"Una" est l'adaptation de la pièce de théâtre "Blackbird" de David Harrower sur l'histoire d'amour impossible entre une jeune fille de treize ans et un homme d'une quarantaine d'années. Des années plus tard et après être tombée sur une photo de Ray, Una décide d'aller le voir pour s'expliquer avec lui. Un besoin de réponses, un désir de vengeance ou alors juste l'envie de retrouver la seule personne qu'elle a aimée, on découvre la véritable nature de cette visite dans un huis clos sous tension qui est ponctué par des flashbacks sur l'origine de leur relation et séparation. Alors qu'on pense immédiatement à de la pédophilie et de l'abus de confiance, le film parle plutôt d'amour et d'une relation entre deux personnes consentantes ce qui est assez perturbant. Benedict Andrews dresse également le portrait d'une femme détruite qui n'a jamais repris le cours de sa vie. Il fait aussi tout le nécessaire pour mettre en valeur les deux acteurs qui sont excellents surtout Rooney Mara qui est parfaite. Ce drame psychologique, dont le sujet tabou est bien traité, est très fort avec cette confrontation bien mise en scène qui réserve de nombreuses surprises. Il y a des propos dérangeants, mais le film ne tombe jamais dans la facilité et reste très sobre du début à la fin. Il y a quelques longueurs notamment quand le huis clos est cassé ou avant ce final particulier, mais dans l'ensemble, c'est un très bon film vraiment captivant.

Un duo d'acteurs tout à fait crédible (même s'il aurait fallu marquer les quinze années passées entre les flash-back et le présent pour Ben Mendelsohn...) donne vie à des personnages ambigus dont l'histoire d'amour a priori choquante est traitée avec pudeur et une étonnante neutralité. Ce face-à-face aux relents de thriller psychologique perd de sa force lorsque cesse le huis clos même si cette étape s'avère indispensable. Je récompense l'audace du propos!

"Una" choisit un point de vue intéressant et particulièrement osé : Una, jeune adolescente, se laisse séduire par son voisin de 20 ans son aîné. Mais il ne s'agit pas d'une relation forcée, puisque les deux continuent de prétendre 10 ans après qu'ils avaient des sentiments l'un envers l'autre. Lorsque Una se retrouve abandonnée par Ray, elle se retourne contre lui, qui se retrouve condamné et décide de changer de vie par la suite. Elle finit par le retrouver et commence alors une sorte de huis clos sur le lieu de travail de Ray, qui s'est remarié et a essayé de laisser cette histoire derrière lui. L'interprétation de Rooney Mara en femme meurtrie et trahie mais toujours amoureuse, ainsi que celle de Ben Mendelsohn en homme manipulateur mais qui continue de se dédouaner de toute déviance sexuelle, est remarquable. C'est un film dont l'ambiance est aussi pesante que son sujet, mais les 20 dernières minutes sont plutôt ratées et lentes. On essaie pas ici de dédouaner non plus le détournement de mineurs mais de montrer les psychologies très différentes de deux personnes de générations opposées, qui en même temps se rapprochent. Les séquelles sont évidentes mais elles semblent plus venir de la manière dont les choses se sont déroulées.

Un film qui traite du sujet très difficile et tellement actuel de la relation entre un adulte mûr et une jeune fille mineure " consentante" de 13 ans. Mais clairement sous emprise. Le film se situe 15 ans plus tard et la jeune femme vient challenger son sur son lieu de travail. On assiste alors à un huis clos dans cette usine , les deux ex amants se cachant , fuyant dans ce lieu . Une intrigue sociale se mêle à l'intrigue et rajoute de la pression. La relation est trouble et ambigu. le film arrive a bien discerner les différents sentiments. les dernières 15 mn sont assez perturbantes et viennent compliquer l'histoire.. Le film arrive à éviter le piège du didactisme et montre bien l'extrème complexité de ces situations.. Mais on reste un peu sur sa faim, .

C’est un film dérangeant sur un sujet grave magnifiquement interprété. Il est indéniable que de tels agissements détruisent psychologiquement les victimes d’un tel agissement inacceptable et ce n’est pas la démonstration de la force d’un sentiment amoureux qui peut excuser quoique ce soit. Peut-on parler d’amour dans une telle situation, le film veut nous dire oui mais la raison nous pousse à condamner cet homme et son attitude irresponsable, égoïste et complètement immorale.

Très beau film il est vraiment bien, les personnages sont attachant, très touchant. J'ai vraiment aimée