N'étant pas amatrice de super héros (la trilogie Batman) ni de science-fiction ("Interstellar") et n'ayant rien compris à "Inception", le cinéma de Nolan n'est pas trop ma "cup of tea", bien que je reconnaisse son incroyable maîtrise technique. Je me réjouissais donc de son retour à un sujet et un style plus classiques… L'opération Dynamo, quand, en mai 1940, près de 400 000 soldats alliés, acculés par l'envahisseur allemand sur les plages de Dunkerque, furent, pour la plupart, sauvés par des embarcations réquisitionnées aux civils, de l'autre côté de la Manche. Nolan met en scène cette déroute en multipliant les points de vue et les temporalités : 1 heure à bord d'un Spitfire, 1 jour sur un bateau de plaisance et 1 semaine sur la plage. Quel que soit le lieu à partir duquel il choisit de décrire l'effroyable supplice vécu par ces soldats (pour beaucoup d'entre eux à peine majeurs), Nolan parvient avec une virtuosité démoniaque à rendre presque palpables la terreur, la sensation d'asphyxie, le bruit et la fureur. Plus qu'un film de guerre, il s'agit surtout d'un film de survie où le seul enjeu est de sauver sa peau de l'enfer des bombes, du feu qui s'abat sur les têtes. Le réalisateur, adepte de la narration éclatée, déconstruit et fragmente son récit, une manière comme une autre de permettre aux spectateurs de reprendre leur souffle. Le "filmage" en immersion avec caméra embarquée dans les situations les plus périlleuses accentue la tension et l'angoisse, tout comme l'excellente partition de Hans Zimmer, omniprésente mais extraordinairement subtile. Très peu dialogué, le film se concentre sur les regards et ne montre aucune goutte de sang (à l'inverse de Spielberg dans "Il faut sauver le soldat Ryan", qui avait coloré de rouge les plages du débarquement). Je recommande donc chaudement DUNKERQUE, véritable choc visuel et émotionnel. Quelques bémols (l'absence des 160 000 Français qui ne furent pas, semble-t-il, étrangers à la réussite de l'opération et la fin, lourdement patriotique) n'ont pas réussi à gâcher mon plaisir.