Sorte de « Walking Dead » coréen façon série B, « Dernier train pour Busan » est à la fois surprenant et déstabilisant. Surprenant par la dynamique qu’il installe après le premier quart d’heure du film, déstabilisant par la façon dont le cinéaste mais en scène son sujet. Durant près de deux heures, nous suivons les aventures incroyables de la petite Soo-Ahn et de Sok-Woo, son papa trader. Déçue par son cadeau d’anniversaire, la fillette demande à son papa d’exaucer son vœu : se rendre à Busan et y retrouver sa maman plus tôt que prévu. Malgré les responsabilités liées à son poste de financier, le père accepte et décide de faire le trajet avec sa fille. Mais à peine ont-ils pris place dans le train qu’une jeune femme malade monte à bord. Avec elle, c’est une épidémie redoutable qui entre dans cet endroit confiné…
Yeon Sang-ho, le réalisateur sud-coréen n’en est qu’à son troisième long métrage et pourtant, on détecte la maîtrise du genre « épouvante ». Ces deux précédents films « King of pigs » et « The fake » étaient bien loin de ce qu’il présente ici puisqu’ils s’agissaient de deux thrillers présentés sous forme de films d’animation. Ici, il opte pour un style radicalement différent et nous offre un film de zombies sous haute tension. Ponctué de rebondissements et de scènes trash, son dernier- long métrage, savamment maîtrisé manque néanmoins de nouveauté : les courses poursuites dans les lieux publics en vue d’échapper aux morts-vivants, leur séquestration dans des environnements clos, une main qui passe ici, une tête aux dents aiguisées là-bas, on a déjà vu tout ça. Mais en plus de nous offrir un bel hommage aux films du genre, « Dernier train pour Busan » nous apporte son lot d’émotions, de bravoure et de sens du sacrifice. On s’attache aux différents personnages du film et quelque soit leur issue, ils auront su nous faire vibrer, stresser et espérer que la fin de l’histoire leur sera favorable.
Dans la longue liste que constitue le casting, nous ne connaissions évidemment personne mais nous ne manquons pas de souligner que le film présente en tête d’affiche Gong Ji-chul, élu 5ème homme le plus beau de Corée du Sud en 2011 et 2012. Saluons la performance de la petite Kim Soo-Ahn, qui assume pleinement son rôle peu évident, et nous transmet ses émotions avec une intensité troublante ! De la première à la dernière scène, la petite aura su nous cueillir et nous emmener dans son univers apocalyptique avec une aisance certaine.
On le sait, le cinéma asiatique peut offrir de très bons films d’angoisse : The ring, Dark Water en sont quelques exemples. Ici, Yeon Sang-ho déçoit un peu par son manque de maîtrise total de ce genre de film. Si cette première tentative n’est pas totalement aboutie, elle recèle néanmoins quelques bonnes techniques de stress sur ses spectateurs. Les maquillages sont plutôt réussis, les retour à la « vie » des zombies parfois kitsh, on oscille en permanence entre effet concluant et essai désappointant.
Présenté en « Séance de minuit » lors du dernier Festival de Cannes, « Dernier train pour Busan » est à mi-chemin entre la réussite et un film de zombie conventionnel. Peut-on le classer dans la catégorie « nanar »? Pas vraiment. Si l’exploitation du sujet offre quelques longueurs et autres effets attendus, si parfois on est à la limite de rire tant la mise en scène est grotesque, le film se classe davantage dans la catégorie « angoisse » que dans la catégorie « hors propos ». Alors oui, il surfe sur la vague zombies et cie très à la mode en ce moment et l’expérience cinématographique particulière sert ce film plutôt réussi. Ce n’est foncièrement pas le film du mois mais il saura trouver sa place dans des festivals comme celui du BIFF où les spectateurs avertis apprécieront le travail de Yeon Sang-ho et l’univers monstrueux qu’il présente.