Avis sur Contre ton cœur

La crise économique et ses conséquences désastreuses sur les liens sociaux alimente la création portugaise depuis quelque temps, que ce soit au cinéma (Saint-Georges, L'usine de rien) ou en littérature (Indice de bonheur moyen). Le sujet de Contre ton coeur de Teresa Villaverde qui n'avait pas donné de nouvelles depuis longtemps, est assez voisin de celui du savoureux roman de David Machado. Mais le traitement est on ne plus différent : tragi-comique pour le livre, minimaliste et austère pour le film. Chronique de la lente implosion du noyau familial, Colo prend son temps, c'est le moins que l'on puisse dire. L'on suit d'un œil parfois distrait les fugues respectives du père, de la mère et de la fille ainsi qu'une vie commune de plus en plus difficile et qui se désagrège. Pas de misérabilisme, c'est déjà cela, mais l'absence voulue de dramaturgie saillante n'est pas loin de plonger le spectateur dans une léthargie croissante.

Avec ses huit nominations à la Berlinale 2017, le nouveau film de Teresa Villaverde interpellait. Colo est un drame familial portugais ancré profondément dans la crise économique du pays. En effet, le père a perdu son emploi et la mère en cumule deux pour éviter d’avoir à passer tous les repas éclairés aux bougies ou de devoir demander aux voisins de recharger leurs téléphones car la facture d’électricité n’a pas pu être payée. Le regard des autres devient secondaire lorsque c’est la famille elle-même qui empathie de cette crise. Comment continuer à s’aimer quand ce n’est que de la misère qui se colle et s’imprègne autour de nous ? Comment tomber encore plus bas que nous ne le sommes ? Regardez Colo, c’est déchirant et malheureusement très réaliste.
D'autres critiques sur notre page Facebook : Cinéphiles 44 et notre site cinephiles44.com

Un film qui s’empare d’une cabane de pêcheur isolée avec une caméra qui joue du sac et du ressac, épousant les aléas de la vie, la douleur et l’ennui.

C'est un film bien noir qu'on tient là. Le ton est dur, l'atmosphère austère. Déprimant de bout en bout, le tout est bien trop sérieux, bien trop grave, et n'offre jamais la possibilité au spectateur de respirer. Aucune lumière, aucun espoir, aucune pointe d'humour, aucune envie de se battre. Le cœur ici est mort, il ne bat pas (à l'image de ce petit oiseau que la fille tient captif). Tout est moche dans cette vie-là. Alors oui, les plans sont beaux, mais ils ne sauvent pas le film de sa lourdeur. Un autre gros défaut est à noter : le film est pauvre en détails et le contexte n'est jamais expliqué (la pathologie du père, la relation entre le père et son ancien collègue, les boulots de la mère, le mal-être de la fille...). On ne comprend pas grand-chose. En plus de ça, c'est mou et contemplatif au possible. C'est du gâchis, car les acteurs sont excellents et les images, je le répète, sont très marquantes.