Entre les deux (anciens) Blocs concurrents, la course à l’espace n’a jamais cessé, même si elle s’est majoritairement déplacée dans une zone plus inoffensive avec des superproductions qui oeuvrent autant dans le créneau du Space-opera que dans celui de la Hard-SF, comme c’est le cas de ce film qui relate la mission de sauvetage de la station Salyut 7, tombée en panne en 1985, et réparée dans des conditions extrêmes par deux cosmonautes ensuite promus Héros de l’Union Soviétique. Ayant parfaitement assimilé les processus de fabrication des superproductions hollywoodiennes dont il livre une copie scrupuleuse, ‘Salyut 7’ ne rechigne ni au triomphalisme, ni aux à-côtés mélodramatiques, et se montre particulièrement lisible et simple à suivre, ce qui n’est pas toujours le cas du cinéma populaire russe. En fait, on est étrangement proche de la logique de ‘Gravity’ et, très honnêtement, si on oublie le choc visuel que fut la découverte du film d’Alfonzo Cuarón sur un écran de cinéma et qu’on ramène l’expérience à ce qu’elle est sur un écran de télévision standard (et ce n’est définitivement pas la même chose, croyez-moi!), la version russe tient largement tête à son alter-ego américain. Visuellement d’abord, alors que le budget est bien moindre, certaines scènes s’avèrent totalement convaincantes, voire même presque poétiques, comme celles où les deux cosmonautes, après avoir rétabli le courant dans la station, doivent recueillir l’eau résultant du dégivrage en apesanteur. Il y a surtout que si l’héroïsme de la mission est évidemment sur-ligné au gros feutre noir, la tension est géré à la perfection, et la notion de Survival n’est ici pas le moins du monde usurpée. Enfin, un brin de mysticisme et un soupçon de paranoïa (selon une théorie du complot qui voit une main américaine derrière le dysfonctionnement de la station) sont là pour rappeler que si l’URSS a bien disparu, la Russie poutinienne a pris le relais dans une belle continuité !