Anecdotes du film Au-delà de l’ombre

Au-delà de l’ombre

Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Au-delà de l’ombre" et de son tournage !

Contexte du film

Fin 2010-début 2011, des soulèvements populaires secouaient le Monde arabe : au Maghreb notamment, des milliers de citoyens descendent dans les rues et réclament plus de démocratie dans un régime très autoritaire. Parmi les revendications, la défense des droits des femmes et des minorités. La communauté LGBT, persécutée depuis toujours, entrevoit l’espoir d’une meilleure acceptation de leur choix. Depuis, rien n’a changé : la loi de 1913 pénalisant les personnes pratiquant la sodomie (et donc clairement à l’encontre des personnes homosexuelles) est toujours en vigueur. La recrudescence des attaques envers la communauté LGBTQI+ est inquiétante et force nombre de Tunisien-ne-s à rompre les relations avec leur famille, voire à choisir l’exil.

Genèse du projet

Pour la réalisatrice Nada Mezni Hafaiedh, tout a commencé par sa rencontre avec Amina Sboui (une militante féministe ancienne Femen, devenue écrivaine). "J’ai tout de suite su que je devais faire quelque chose avec elle. J’avais décerné dans ses yeux une lueur de douleur et de haine à la fois, elle m’a tellement intriguée que j’ai voulu la connaître de très près et révéler son vrai visage. Puis après avoir lu ses deux livres, c’était décidé : son histoire devait être racontée sur grand écran. Au début du tournage nous ne devions tourner qu’avec Amina, mais on ne pouvait pas ne pas prendre en considération ses amis proches qui cohabitent avec elle."

L'homosexualité criminalisée

Malheureusement, en Tunisie et dans le Monde arabe, la situation est très grave, l’homosexualité y est très mal acceptée, et même interdite par la loi : en Tunisie depuis 1913, l’article 230 du code pénale sanctionne ‘la sodomie entre deux adultes consentants’ donc les homosexuels encourent la prison. "Avant le Printemps arabe, les droits des personnes LGBT n’existaient pas en Tunisie et n’existent toujours pas. Le fait de s’assumer dans une société arabo-musulmane est très difficile, il est vu d’un mauvais oeil d’être trop efféminé. Certaines personnes sont victimes de crimes de haine et ne sont pas protégés contre les agressions pouvant être commises, parfois en pleine rue, par leurs concitoyens. Les homosexuels plongent alors dans une souffrance, une détresse et une solitude très importantes. Le plus souvent, ces jeunes ont déjà, avant l’annonce de leur homosexualité, des rapports conflictuels avec leur famille, et leur coming-out exacerbe ces tensions et fait définitivement voler en éclats tous les espoirs et toutes les attentes que les parents plaçaient dans leur enfant. Chassés de chez eux, les jeunes sont parfois contraints à l’errance, et recourent à la prostitution ou à la délinquance comme stratégies de survie", dénonce la cinéaste Nada Mezni Hafaiedh.

La place de la caméra

À plusieurs moments dans le film, la caméra n’est pas la bienvenue car les situations sont intimes et dramatiques. "Ce n’était pas du tout évident, mais j’avais fait un pacte avec le cast : même si parfois ils n’avaient pas envie d’être filmés, il fallait me laisser tourner, pour voir le vrai côté de leur souffrance… C’était le plus gros challenge que j’ai rencontré lors du tournage. Même si à des moments je sentais que je volais une partie de leur vie privée, je me devais d’exposer leur vie privée sans filtre. Je tenais à ce que toutes les scènes soient aussi fidèles que possible à leur réalité. Les scènes principales sont capturées en direct. Ce n’était pas facile pour moi et ce n’était pas facile non plus pour eux, bien sûr. Un des moments les plus difficiles que nous avons dû surmonter avec l’équipe et le casting se trouve à la fin du film. À ce moment précis, j’ai su que c’était fini, je devais arrêter de filmer", précise Nada Mezni Hafaiedh.

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