Exilé à Paris pour ruminer en permanence les circonstances louches de la mort de sa petite amie Georgia, Sam vit dans l'anonymat en livrant les plats à emporter d'un petit restaurant. Les seules échappatoires à son existence austère sont les séances cinéma qu'il s'octroie après une dure journée de travail. Mais, un soir, il tombe à la renverse de son fauteuil quand il découvre à l'écran le parfait sosie de sa défunte bien-aimée. Persuadée que cette actrice est bel et bien sa Georgia revenue d'outre-tombe, il file à Los Angeles dans le but de la rencontrer...
Eh bien, pour un thriller se voulant assez clairement d'inspiration hitchcockienne, "Last Moment of Clarity" réussit le tiercé perdant d'être à la fois épouvantablement lent, d'une effroyable pauvreté et involontairement drôle par le ridicule de certaines situations, autant dire qu'avec un tel hommage, le cadavre du pauvre Alfred Hitchcock doit s'être transformé en centrifugeuse infernale dans son cercueil...
Dès sa première partie française, le long-métrage de James et Colin Krisel avance avec l'entrain d'une taupe chloroformée pour évidemment traduire toute la noirceur du mal-être de son héros et surtout entretenir le mystère sur les raisons de sa fuite à Paris. Sauf qu'avec les quelques fugaces mais très révélateurs flashbacks présentés, le spectateur n'a nul besoin d'une toile d'araignée d'indices pour comprendre les grandes lignes du problème criminel qui a poussé Sam à se retrancher dans la capitale française. Pire encore, "Last Moment of Clarity" ne va jamais avoir la lucidité de le comprendre et va ainsi continuer à jouer bien trop longtemps sur le flou superficiel de cette histoire criminelle avant d'en dévoiler la teneur indigente. Inutile de préciser que l'ambiance paranoïaque de film noir qui voudrait en découler ne prendra jamais à cause (en partie) de ces révélations mises en lumière bien trop tard sur le parcours du héros.
Cela dit, après avoir rejoint Los Angeles, la question de savoir si oui ou non cette starlette hollywoodienne est bien l'ex de Sam va tout de même devenir notre phare d'intérêt au milieu de cet ennui généralisé.
Du moins, il faudra d'abord accepter que la route de Sam croise opportunément celle d'une amie d'enfance faisant office de couteau suisse pour lui. La rencontre avec le personnage de la pauvre Carly Chaikin (Darlene dans "Mr Robot") tient déjà en soi de la coïncidence/facilité scénaristique la plus totale mais, en plus, celle-ci travaille dans le milieu du cinéma (bien pratique), invite Sam à dormir dans son lit dès le premier soir (malgré le fait que le type n'apparaisse pas très rationnel d'un oeil extérieur) et n'a visiblement aucun but dans sa vie personnelle sinon celui de se plier à toutes ses demandes quitte à se mettre elle-même en danger ! Un vrai petit miracle sur pattes !
Mais soit, fermons les yeux là-dessus et espérons que les révélations autour de la femme fatale incarnée par Samara Weawing viennent sauver tout ça... Pas de bol, ce ne sera pas le cas : après avoir quand même maintenu le doute, le personnage fera une volte-face d'une bêtise sans nom et qui aura comme principale conséquence de stopper net les bribes de suspense auxquelles "Last Moment of Clarity" pouvait encore prétendre. Dès lors, devant le peu de durée qu'il lui reste et afin de contrecarrer artificiellement la médiocrité de ses enjeux, le film n'aura plus d'autre choix que de se diriger vers un tristement banal affrontement final pour dénicher un semblant de tension et, au moins, proposer un peu d'action dans ses derniers instants...
On sauvera peut-être de ce ratage la prestation de Carly Chaikin (le fait de rendre un minimum attachant un personnage si peu vraisemblable relève de l'exploit) mais, pour le reste, on vous conseille vraiment d'avoir la clarté d'esprit d'éviter de vous perdre dans les méandres de ce thriller particulièrement ennuyeux...