I Queen't Breath... Des Bonnie and Clyde créés contre leur gré, par le racisme, par l'intolérance et surtout par la stupidité humaine cantonnée à voir le monde en noir et blanc alors qu'il est maintenant grand temps de passer au modèle multicolores... Voici donc l'histoire de deux jeunes "de couleur" partis simplement pour un petit dîner romantique, qui se retrouvent à devoir abattre un policier qui les agresse au pistolet lors d'un contrôle. Si seulement ce scénario ne nous rappelait pas les "bavures" policières à caractère raciste, surtout aux États-Unis, qui affluent dans les JT du monde entier (le mouvement I Can't Breath - ou Black Lives Matter - viendra corroborer le propos de ce film à peine quelques moins après sa sortie, comme une triste prévision). Le constat n'est pas nouveau, et l'on se demande péniblement ce qui a changé depuis Martin Luther King et Malcolm X, ce à quoi Queen and Slim nous répond : pas grand chose. On suit la traque des deux criminels improvisés avec intérêt (on ne sent pas les deux heures filer), on se réjouit du casting sympathique (Daniel Kaluuya, toujours dans les rôles de "gars de couleur qui s'en prend plein la tête") et l'on ne peut que reconnaître toute la vérité criante du ras-le-bol des minorités opprimées. Le film choisit d'ailleurs de ne pas tomber dans l'excès de polémique, en mettant au premier plan l'intrigue de la course poursuite, sur laquelle se cale peu à peu les éléments de son discours. On sent que l'on s'inspire des derniers sermons de Luther King : les plus méconnus, ceux qui continuent de vouloir tendre la main aux "Blancs", mais qui refusent à présent le "tendez l'autre joue", un entre-deux dans lequel on est dans Queen and Slim qui fait le choix de mettre deux acteurs "blancs" au casting (5% ?) en tant qu'amis primordiaux du binôme en cavale. On évite donc intelligemment le white bashing (dénigrement de "Blancs") pur et dur. On regrettera que la fameuse cavale soit si inaboutie comparée à son background engagé, car l'on tombe souvent sur des envies pressantes des personnages assez peu crédibles (aller danser ou s'arrêter caresser un cheval en pleine fuite), sur des faux raccords très visibles (par exemple la scène dans laquelle la jeune fille s'assoie sur le rebord de la vitre de la voiture en marche, où sa bretelle de débardeur est descendue ou remontée selon les plans) et sur une fin que l'on connaît d'emblée (un peu trop facile et mélo). On n'est pas non plus fans du titre "Queen and Slim", justifié maladroitement par le réalisateur par "les femmes noires sont des reines" et "le héros est un gars perdu dans la masse" (slim étant le mot argotique pour désigner un homme dont on ne s'embête pas à apprendre le nom). On ne comprend pas vraiment pourquoi cette différence de point de vue sur les deux héros, cela soulève plus de questions tendancieuses (c'est facile à interpréter de travers) qu'autre chose. Dommage que la course-poursuite ne soit pas aussi travaillée que le fond, cela se remarque sans arrêt. Mais le message est tellement juste, à être le triste reflet d'un passé que l'on ne regrette pas et en même temps une prévision encore plus tragique d'un futur proche qui a fait exploser l'Amérique en 2020...