Oskar et Lily : les secrets du tournage

Oskar et Lily est adapté d’un roman dont le thème est similaire à l’histoire du premier film de fiction de Arash T. Riahi, Pour un instant la liberté, dans lequel deux personnages tentent de fuir l'Iran avec leurs cousins. Le metteur en scène a, depuis longtemps, le projet de réaliser une trilogie sur l’exil, montrant diverses étapes de l’existence des réfugiés et en choisissant une approche stylistique différente pour chaque volet. Il explique :

"Le dernier, dont le titre sera Une histoire de cœur, est actuellement en écriture. Dans ma première fiction, Pour un instant, la liberté, il s’agissait des obstacles bureaucratiques que tout réfugié doit franchir avant d’accéder à la liberté. Dans Oskar & Lily, il s’agit de l’univers mental des enfants, des stratégies qui permettent de transformer votre propre réalité par votre comportement afin de pouvoir la supporter. Dans le troisième volet, l’approche est plus intellectuelle, plus réflexive, il s’agira de la façon dont on peut travailler sur l’exil au moyen de l’art pris comme facteur de catharsis. Ce sera un film dans le film."

L’histoire d’Oskar & Lily accompagne Arash T. Riahi depuis 2013. Le réalisateur s'était vu proposer un scénario déjà existant, mais le roman dont el film est adapté date des années 1990 et n’a rien de politique. Il a alors décidé d’en reprendre l’essentiel, à savoir l’histoire de deux enfants séparés de leur mère qui souffre de troubles psychiques et placés dans différentes familles d’accueil, et d'ajouter un contexte politique. Il confie :

"Monika Helfer est une femme extraordinaire, elle a été très coopérative et m’a donné la liberté de jongler avec son matériau, de transformer certains éléments ou d’en apporter de nouveaux. Elle a été très heureuse du résultat. J’ai cherché à comprendre comment les enfants perçoivent la réalité qui les entoure et tentent, par leur propre comportement, de transformer celui des gens auxquels ils sont confrontés. De ce point de vue, le roman recelait beaucoup de poésie et de subtilités que j’ai pu reprendre. Oskar & Lily se focalise sur une famille de réfugiés tchétchènes qui vit en Autriche depuis déjà six ans, les enfants parlent parfaitement l’allemand et ont presque oublié leur propre langue. C’est ce qui nous est arrivé, à moi et mes frères et sœurs, lorsque Oskar et Lily nous avons quitté l’Iran pour l’Autriche : Oskar a l’âge que j’avais alors et j’ai nourri son personnage de nombreux éléments autobiographiques."

Né en 1972 en Iran, Arash T. Riahi vit depuis 1982 à Vienne. Il a étudié le cinéma et les arts puis a travaillé pour la société autrichienne de radiodiffusion ORF de 1995 à 2001. Il a ensuite fondé la société de production cinématographique Golden Girls Filmproduktion en 1998.Son travail en tant que réalisateur et producteur comprend divers courts métrages expérimentaux primés, des documentaires, un projet cross-média et deux longs-métrages de fiction.Son premier film de fiction Pour un instant la liberté a remporté 31 prix internationaux et a représenté l’Autriche aux Academy Awards 2010.

Oskar et Lily parle des menaces qui pèsent sur la liberté, et des contraintes que les gens s'imposent dans leurs existences soi-disant "libres". Le film est ainsi aussi un plaidoyer pour que nous prenions conscience de notre liberté. Arash T. Riahi précise :

"Nous qui vivons dans les démocraties européennes, nous sommes gâtés et souvent pas vraiment conscients de ce que nous avons. Nous vivons au meilleur moment de toute l’histoire humaine, dans une Europe qui respecte les droits de l’homme et où les États sont gouvernés démocratiquement. En réalité, nous vivons au paradis. C’est pourquoi les gens comme moi, qui me suis enfui avec mes parents pour échapper à un régime de terreur, n’arrivent pas à comprendre comment autant de partis populistes ou d’extrême droite ont pu devenir aussi forts et comment, d’une société aussi prospère et ouverte, a pu naître une société de jalousie. L’une des explications est peut-être le respect excessif du politiquement correct et le traitement égalitaire de toutes les libertés. Je trouve, par exemple, que le droit à la liberté d’expression et l’égalité de traitement entre hommes et femmes doivent primer sur le droit à la liberté d’éducation religieuse."