Nuit d’été en ville est le deuxième Deville que je vois, et honnêtement ce n’est toujours pas une réussite ! Ok il y a un défi osé, mais proposer un défi osé ne signifie pas signer une réussite.
Néanmoins, je dois reconnaitre que tout n’est pas mauvais. L’interprétation, qui repose en fait uniquement sur deux acteurs, est très bonne. Marie Trintignant, Jean-Hugues Anglade, tous deux tiennent la baraque, avec des rôles pas simples, et se montrent crédibles, beaucoup plus en tout cas que les dialogues qu’on les amène à débiter. En effet, si les interprètes se montre à l’aise, et évite un jeu trop démonstratif et théâtral, malheureusement ce n’est pas le cas des échanges qu’on leur demande, avec des répliques totalement pas crédibles pour une première rencontre amoureuse ! En fait c’est là que le bât blesse : non, ce film n’est en rien authentique ! Les dialogues sont d’une artificialité rare, lourd, souvent inutiles, on sent qu’il faut meubler pour arriver à une durée respectable. Ils sont prolifiques, et il ne recèle aucun trésor ! Pas d’humour, pas de subtilité, ils se veulent tour à tour très littéraires d’autres fois très vulgaires (ce qui est assez déconcertant, ce changement de registre de langue ultra-soudain paraissant terriblement gratuit et anti-naturel). Du coup, cela gâche le jeu des acteurs, pris dans une histoire qui se résume à : on fait l’amour, on bavarde en vaquant à des occupations, on se baigne, on se brosse les dents et au lit ! Voilà ! Il n’y a rien de plus, vu qu’on ne sort pas de cet appart, ce qui fait que Nuit d’été en ville est un huis clos total, de la première seconde à la dernière, et en plus tous les volets sont fermés. C’est cool pour se balader à poil pendant 1 heure 20, car oui, les acteurs sont constamment nus. Bon, un choix qui pourra plaire aux amateurs de nudisme !
Michel Deville signe une réalisation honnête, qui peut-être est le meilleur atout de ce métrage avec le casting. S’il n’apporte pas beaucoup de légèreté, néanmoins il filme bien ses acteurs, et donne un peu de mouvement malgré tout à un métrage qui reste très statique, jusque dans le mobilier qui pèse bien ses trois tonnes par meubles ! La bande son est soignée mais on en profite trop peu (il s’agit de morceaux de Saint-Saëns, très beaux).
Nuit d’été en ville est pour moi un exercice de style peu digeste, court et pourtant inutile tant on ne sait pas ce qu’a voulu faire Deville. Si c’était saisir la simplicité d’une rencontre c’est raté, j’ai rarement vu plus alambiqué, et si c’était pour saisir le naturel alors c’est doublement raté car les dialogues sur-écrits sont tout sauf naturels ! On se retrouve avec une pièce de théâtre en huis clos, emmenée par deux bons acteurs, mais qui se débattent assez vainement. De bonnes choses, mais gâchées, je crois. Un tel film entre les mains d’un Emmanuel Mouret par exemple, pourtant adepte des dialogues écrits aurait eu une allure meilleure, le réalisateur sachant faire émerger de ses coquetteries de style une douce poésie, un sens de la rêverie, une élévation au-dessus du réel dont ne semble absolument pas vouloir se départir Deville. 1.5