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    Un pays qui se tient sage
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Un pays qui se tient sage" et de son tournage !

    Créer le débat

    Écrivain, journaliste et réalisateur, David Dufresne s’est déjà intéressé aux violences policières en tant que lanceur d’alertes et avec son roman Dernière sommation. L’envie d’y consacrer un film est né de l’avènement du téléphone comme caméra. S’il recense déjà avec son compte Twitter Allô@Place_Beauvau des vidéos de violences policières, Un pays qui se tient sage offre l’opportunité de montrer le contre-champ de ces violences et de créer le débat : « un film est collectif, se regarde collectivement, appelle la discussion. Et c’est irremplaçable. Nous avons plus que jamais besoin de débattre de la question de la police, de son rôle, de sa place dans la société ».

    Collecter les images

    David Dufresne a recueilli des images de violences policières via le compte Twitter Allô@Place_Beauvau. Ces images, il les a archivées, compilées, en en vérifiant l’authenticité, mais sans imaginer qu’il en ferait un film. Il a toutefois conserver les contacts de leurs auteurs : « Ma grande fierté est que 95 % des images « brutes » du film sont sourcées, datées, créditées et dûment payées. J’ai retrouvé 95 % des auteures et auteurs, parfois au prix de longs mois. Ces gens ont témoigné, sans eux, ce film n’aurait pu exister ». Le film leur est d’ailleurs dédié.

    Des réseaux sociaux au grand écran

    Les images que l’on voit dans Un pays qui se tient sage ont déjà été visibles sur petit écran, des téléphones aux ordinateurs. Aux yeux de David Dufresne, elles valent bien plus que l’immédiateté et le buzz créés par les réseaux sociaux. D’où le besoin de les collecter dans un film : « Projetées sur grand écran, elles acquièrent une force de contre récit, de cinéma direct, brut, engagé. Et enfin, placées dans une perspective analytique, elles revêtent une valeur sans commune mesure avec les timbres poste qu’on swipe. Elles font et sont documentaires ».

    Il s’agissait aussi de transposer la violence sur grand écran comme pour lui donner chair et la mettre à sa véritable échelle. Une violence qui a d’ailleurs parfois poussé le monteur Florent Mangeot à détourner le regard. « L’idée n’était pas, au fond, de mettre mal à l’aise le spectateur mais plutôt de bien lui faire prendre conscience de l’extrême dureté des violences, de leur caractère soudain, aléatoire, injuste. On parle de gens mutilés, parfois tués, on parle de corps brisés », explique le réalisateur.

    La forme

    Le film alterne des images brutes et chaotiques et des images posées, qui supportent une parole et une pensée articulées. C’est après avoir revisionné l’émission des années 1980 Cinéma cinémas que le dispositif d’Un pays qui se tient sage est venu à David Dufresne. « Dans tous mes travaux, je cherche toujours de front fond et forme, ils se nourrissent, se télescopent, avec toujours cette contrainte : ne jamais refaire la même chose, toujours chercher le pas de côté. Ici, les protagonistes ne sont pas interviewés classiquement mais ils sont mis en situation de conversation, toujours à deux, entre personnes qui ne se connaissaient pas, et que j’ai placées en vis à vis ». L’idée était de filmer la pensée, sans chercher le clash entre les personnalités mais le dialogue.

    Caméra mobile

    Le chef opérateur Edmond Carrère a filmé caméra à l’épaule, sans pied, de façon à ce que la caméra soit mobile et vive. Le réalisateur revient sur ce parti pris : « Le choix était fait de n’avoir qu’une caméra, d’être sans filet, exactement comme ceux que nous filmions. D’égal à égal, si je puis dire, le plus discret possible, sans chercher la moindre domination sur eux ».

    Les intervenants

    David Dufresne revient sur la manière dont il a choisi les intervenants de son film : « Sur leur métier, leur travail, et leur réflexion sur le coeur même du film – le monopole de la violence physique légitime : ils et elles sont sociologues, historiens, policiers, écrivains… Quant aux victimes de violences policières, je les ai choisies pour leur engagement, et leur grandeur. D’âme, et de lucidité ».

    Donner la parole aux policiers

    Si le film critique la doctrine actuelle du maintien de l’ordre, David Dufresne tient à partager le point de vue des policiers : « j’ai toujours estimé essentiel de connaître le point de vue policier. Les logiques à l’œuvre, les antagonismes, les omissions, les abus, les chaînes de commandement, jusqu’aux conditions de travail des forces de l’ordre. […] Après tout, une salle de cinéma, c’est un forum, un lieu de débat [...]. Si c’est pour que tout le monde ait le même point de vue, ce n’est pas bien intéressant ».

    En revanche, le générique de fin précise que la haute hiérarchie policière n’a pas souhaité intervenir, bien qu’elle ait été sollicitée. Dufresne a appris plus tard que le veto venait du cabinet de Christophe Castaner : « Je crois que ce refus a été motivé par la peur du débat et peut-être par la conscience chez certains des hauts responsables que quelque chose ne va vraiment pas au sein de la police. […] De mon point de vue, les quatre cartons à la fin du film, indiquant le refus des autorités de s’exprimer, sont dévastateurs pour elles, parce que cela montre leur autoritarisme ».

    Identité secrète

    On ne découvre qu'à la fin du documentaire l'identité et la profession des intervenants. Ce parti-pris est une manière de privilégier la conversation et d'éviter que le spectateur plaque d'emblée ses opinions pré-conçues sur la parole de l'intervenant, avant même de l'avoir entendue. David Dufresne précise : « Les incrustations sur l’identité des intervenants, c’est un artifice très télévisuel, où on a toujours peur que les gens zappent. Mais là, nous sommes au cinéma, les gens ne vont pas quitter la salle parce qu’il n’y a pas de synthé. Ils sont là pour se donner le temps de réfléchir sur une question, de s’immerger. C’est la grandeur du cinéma, sa liberté ».

    « Une classe qui se tient sage »

    Le titre du film est une référence à une phrase prononcée par un policier lors de l'interpellation de lycéens à Mantes-la-Jolie qui ont été contraints de se mettre à genoux, mains derrière la tête. « Ce titre plane sur les 86 minutes du film, comme un rappel constant que, bien évidemment, ce à quoi nous assistons est le fruit d’un continuum sécuritaire. Une évolution qui a commencé bien avant Macron, une guerre invisible menée dans les banlieues, au moins depuis 30 ans », explique David Dufresne.

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