Aristocrats : les secrets du tournage

Aristocrats est une adaptation du roman Anoko wa Kizoku de Mariko Yamauchi. La réalisatrice Yukiko Sode s’est identifiée au personnage de Miki, une provinciale venue vivre dans la capitale après avoir grandi en province : « C'est un tout autre monde que j'ai découvert en débarquant à Tokyo à l'âge de 18 ans. Lire ce roman a fait remonter en moi les souvenirs de cette période de ma vie. Il m'a permis également de découvrir et de me familiariser avec cette aristocratie dont j'ignorais tout. »

Aristocrats se déroule à Tokyo. On peut remarquer de nombreux chantiers à l’écran, puisque le tournage a eu lieu pendant les travaux effectués dans la capitale pour accueillir les Jeux Olympiques qui devaient se tenir en 2020 et qui ont été repoussés en 2021 à cause de la pandémie. La réalisatrice a choisi ce contexte car elle souhaitait montrer la mainmise des hommes sur les décisions concernant les JO et par extension sur le reste de la société : « Les femmes n'ont aucun droit de regard alors qu'elles aussi vivent là. Je filme aussi la ville à travers les points de vue de personnes appartenant à des classes qui ne la vivent pas de la même manière. Leurs regards sur Tokyo sont diamétralement opposés. C'est un certain type d'aristocratie qui possède tous les pouvoirs. »

Yukiko Sode souligne le fait que, jusqu’il y a peu de temps, on considérait qu’il n’y avait pas de classes sociales dans la société japonaise : « Les discriminations de classe, et entre hommes et femmes existent bel et bien, et les femmes en sont évidemment les premières victimes. Cette prise de conscience de l'existence de ces différences de classe sociale, et que certaines sont très clairement privilégiées, est très récente chez nous. C'est un thème très actuel car on réalise qu'il n'existe pas ou plus d'ascenseur social. »

Si le film respecte la structure du récit du roman d’origine, la réalisatrice a choisi d’apporter un nouvel éclairage sur le personnage de Koichiro, le fiancé. « Dans le roman, il est le méchant de l'histoire, car uniquement décrit selon le regard porté sur lui par Hanako et Miki. Dans le film, je voulais évoquer ses sentiments, car pour moi il est aussi en souffrance. Il est moins un bourreau qu'une autre victime de la société japonaise, problématique dans son ensemble, même s'il en incarne les injustices. » De par son rang social et son genre, Koichiro a le devoir de perpétuer la lignée familiale et de se marier avec une femme convenable pour la réputation de sa famille. Si la solidarité féminine est au centre du film, les hommes ne sont pas montrés comme les ennemis des femmes.