Un film de guerre extrêmement solide, le meilleur Oliver Stone que j'ai vu jusque là, après un Alexandre décevant et un Tueurs nés assez désarçonnant. Ici pas d'héroïsme ni même de plaisir sanguinaire ou de mélo bourbeux. Place à la jungle vietnamienne, toute aussi bourbeuse quant à elle, enfer de soldats solidement campés. Tom Berenger est très convaincant, Willem Dafoe n'a ici rien d'un bouffon et Charlie Sheen (drôle de constater qu'après Apocalypse Now, c'est à nouveau un Sheen qui tient le rôle principal d'un film sur la "Sale guerre" américaine) est un spectateur parfait du conflit entre ces hommes, hautement métaphorique de la division d'un pays tout entier. La mise en scène de Stone est quand même sans doute trop terre à terre, bien qu'elle ait au moins l'énorme avantage du réalisme. Proche des hommes, dont Stone a voulu filmer le déchirement sans s'attarder une seconde sur des questions politiques, le cadrage un brin banal est donc totalement excusé. Après tout comme le dirait Coppola, un film se doit d'allier forme et fond pour prendre tout son sens, ce que fait Platoon, instaurant parfois pendant ses batailles, par exemple, la confusion chez le spectateur qui ressent d'autant mieux celle des soldats. L'Amérique qui s'entre-déchire avec obstination, voilà principalement ce que raconte ce film, amer de bien des illusions perdues. Le Vietnam était donc l'enfer, un enfer peuplé d'américains. Chris Taylor n'aura pas mis longtemps, lui jeune idéaliste, à voir sombrer ses chimères et sortir de la machine lessivé, meurtri et amer. Bref Stone a porté l'uniforme, il connait le pays, et quand il parle, on l'écoute. Et puis il y a cette musique, que j'écoute en boucle depuis trente minutes maintenant. Un film solide, bien construit et intelligent.