Avis sur Ceddo

Voici un film magnifique et fort rare puisque nous sommes transportés au coeur de l'Afrique avant les conquêtes coloniales ,disons vers 1750. Ce n'est en aucune façon le Sénégal des petits villages actuels. On y voit les défauts humains de toujours:pouvoir,cupidité,bêtise,exploitation des faibles et ici en plus trafic d'esclaves,d'armes et d'alcool. Rien ne nous sera épargné même la fin qui verra triompher la loi du plus fort. L'originalité se trouve une fois de plus dans le cinéma de Ousmane Sembene,dans les décors naturels et dans les interminables palabres qui en constituent les dialogues. On peut ne pas aimer et s'ennuyer ferme si on oublie l'art cinématographique poussé ici jusqu'à l'épure. Bien entendu comme dans tout ses films,il y a une ou plusieurs reproches contre des états de faits préjudiciables aux faibles. Ici il s'agit de l'Islam tellement attaqué que le film fut interdit au Sénégal en 1977 lors de sa sortie. Mais, cela aurait pu être une dictature locale sans connotation religieuse. L'essentiel pour les cinéphiles est ailleurs ,elle est dans la mise en scène.

Le cinéma africain, et quand je parle de cinéma africain, je parle de cinéma tourné par des africains, avec des africains, en Afrique... bon bref, le cinéma africain et moi, ça a toujours fait deux. Trop fixe, trop lent, lyrisme absent, en dépit d'un aspect coloré et original que je ne nie pas, loin de là, j'avoue que j'ai face à celui-là la compréhension d'une poule devant un couteau planté sur le sol.
J'ai essayé "Ceddo" parce qu'il a une bonne réputation, parce qu'un film censuré soi-disant pour une faute d'orthographe dans le titre mais officieusement parce qu'il tape sur la gueule du prosélytisme religieux ne pouvait qu'avoir ma sympathie, voilà... Espérant que cela me réconcilierait avec le cinéma africain.
Mais non, trop fixe, trop lent, lyrisme absent, même incompréhension. Et pourtant, j'ai essayé...

Cinéaste culte du continent africain, Ousmane Sembène réalisait en 1977 ce film qui fut longtemps interdit au Sénégal, par crainte de froisser une partie de la population. L’histoire, censée se dérouler au XVIIème siècle en Afrique de l’ouest – les anachronismes, volontaires, sont nombreux – est une charge très lourde contre ceux qui imposèrent l’islam aux peuples autochtones. Mais Sembène n’épargne personne : ni les colons blancs, ni les chrétiens, ni la petite noblesse locale, tous accusés de traîtrise et de violence symbolique ou physique vis-à-vis du peuple. Fort et engagé.

Bon, la note ne tient pas compte de la pauvreté de la mise en scène due à un manque catastrophique de moyens techniques mais récompense l'originalité du scénario.
En effet, qui a le courage aujourd'hui de rappeler que la présence de l'islam et du christianisme en Afrique actuelle sont conséquences de trafics, manipulations et violences ?
Le réalisateur tient à montrer l'effacement des traditions des peuples africains dominés au profit des croyances des puissants de l'époque : Arabes et Européens. Aujourd'hui, dans une période de victimisation généralisée et de revendications religieuses rétrogrades, certains rappels semblent salutaires...