Avis sur La Proie du vent

Un fil muet de René Clair, c’est déjà une chance de pouvoir découvrir ça… Et celui-ci est si peu connu que le détour est encore plus intéressant. Sur une intrigue assez conventionnelle mais bien menée, La Proie du vent (dont le sous-titre est L’Aventure amoureuse de Pierre Vignal) est l’occasion d’une réalisation éblouissante de la part de René Clair. Certaines images sont à couper le souffle comme celles de l’évanouissement de la jeune femme après la mort de sa mère, le décollage de l’avion ou la poursuite en voiture. L’interprétation est remarquable avec en tête de liste un Charles Vanel en jeune premier sympathique qui montre qu’il pouvait se situer sur de multiples registres. À ses côtés, Sandra Milovanoff, Jean Murat et Jim Gérald notamment sont exempts de tout reproche. Un bon film à découvrir dans l’œuvre d’un cinéaste immense qui a su traverser toutes les époques du cinéma avec le même bonheur.

L'intrigue n'est pas d'une originalité renversante et on découvre très vite le fin mot de l'histoire mais René Clair était un excellent réalisateur et ça se voit. L'ensemble est très bien rythmé et les bonnes idées abondent. Scénaristiquement, on remarquera surtout la séquence qui fait beaucoup penser à celle du calice dans "La Chair et le Diable" sauf qu'une cigarette remplace ici l'objet religieux ainsi que la scène où est directement dans un délire du protagoniste. Techniquement, le montage est vif, en particulier lors de la poursuite en voiture, et la caméra n'hésite pas à s'agiter lorsque le personnage principal ne se sent pas bien. Habitué aux rôles de durs ou de méchants, Charles Vanel montrait ici qu'il était aussi à l'aise dans des rôles plus romantiques. Une belle petite découverte muette.