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    Le fantôme de la liberté
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    soniadidierkmurgia
    soniadidierkmurgia

    1 032 abonnés 4 098 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 19 janvier 2017
    "Le fantôme de la liberté" est le dernier film du triptyque surréaliste de Buñuel écrit en étroite collaboration avec Jean-Claude Carrière. Sans doute le plus foisonnant des trois, mais aussi le plus amer. Dans la forme, on constate que le cinéaste commence un peu à se répéter, faisant plusieurs fois allusion explicitement à ses meilleurs films espagnol ou mexicain ("Viridiana", "El"). Il partagea sans doute cet avis car juste derrière il décida que "Cet obscur objet du désir" réalisé en 1977 serait son dernier film. "Le fantôme de la liberté" s'ouvre sur le "3 mai 1808", tableau de Francisco Goya qui décrit les insurrections du peuple espagnol face aux troupes napoléoniennes. Buñuel reproduit le massacre en se mettant lui-même en scène avec son producteur Serge Silberman au sein des fusillés dont l'un paradoxalement crie "A bas la liberté !". Napoléon qui se réclamait comme l'héritier de la Révolution en fut en réalité le fossoyeur. A propos de la liberté, Buñuel disait : "Pour ma part, je vois la liberté comme un fantôme que nous essayons d'attraper et…nous étreignons une forme brumeuse qui ne nous laisse qu'un peu d'humidité dans les mains". Selon Buñuel, la liberté ne pourra jamais être qu'illusoire. Le film traite de ce constat qui résume assez bien l'œuvre du réalisateur. Cette introduction du film qui n'est en réalité que la transcription imagée de la lecture d'un livre sur l'épopée napoléonienne par une nourrice dans un parc et dont l'inattention a conduit la jeune enfant du couple Foucaud à recevoir une série de photos de la part d'un homme aux allures de satyre. Malgré les cris d'orfraie des parents Foucauld au retour de la nourrice, ces images que l'on pensait pornographiques ne sont en réalité que des photos de bâtiments prestigieux de Paris. Sans ménagement la nourrice est renvoyée. Buñuel en bon surréaliste comme toujours nous montre d'entrée que les choses n'ont que le sens donné par les conventions. Il va en faire la démonstration pendant tout le film. Par exemple, les toilettes pourraient fort bien se trouver dans ce que l'on nomme habituellement la salle à manger et l'on se rendrait alors au petit coin pour y prendre son repas. Il suffisait d'y penser ! Sur la même tonalité et en partie avec les mêmes acteurs que dans "Le charme discret de la bourgeoisie", le cinéaste joue à saute mouton entre les scènes drolatiques et bizarres selon le jeu cher aux surréalistes du cadavre exquis. Le fond de sauce est toujours le même avec mise au pilori des institutions de référence de Buñuel que sont l'armée, la police et l'église. La nécrophilie déjà évoquée dans "Viridiana" (1961) scande cette fois de manière obsessionnelle le récit. On s'amuse souvent à la vue de certaines saynètes qui tiennent parfois du sketch à la Dino Risi comme celle où Michael Lonsdale impayable en VRP adepte du sadomasochisme se fait fouetter les fesses par sa secrétaire devant un quarteron d'ecclésiastiques éberlués. Mais le grain de sable est que la mécanique à laquelle obéit le scénario semble pouvoir tourner sans fin selon une démarche répétitive à laquelle Buñuel était très, voire trop attaché. L'unité avec les deux films précédents est telle que l'on est bien incapable après les avoir vus tous les trois de rendre à chacun ses petits. C'était certainement le souhait du réalisateur qui semblait à ce stade de sa carrière bien décidé à refuser toute forme de structuration. Tout ceci affadit quelque peu un ensemble malgré tout fort réjouissant et avec le recul il faut bien admettre que des œuvres comme "L'ange exterminateur" ou "Viridiana" beaucoup plus violentes et déstabilisantes constituent sans doute le sommet de l'œuvre d'un grand réalisateur dont l'inspiration a paradoxalement souffert d'un manque d'hétéroclisme. L'autruche (un émeu en vérité) qui nous regarde dans le dernier plan du film et qui visiblement ne comprend rien à ces curieux animaux que nous sommes est peut-être l'image de Buñuel qui au soir de sa vie se désespère de n'avoir pu détricoter la complexité de l'âme humaine. Ce ne sera pas faute d'avoir essayé.
    Puntillo
    Puntillo

    5 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 1 février 2016
    Dans la lignée de ses grands films surréalistes, Buñuel met remarquablement en image le pouvoir qu'a le cinéma de nous captiver au-delà de tout récit traditionnel.
    Et, bien sûr, sans le moindre didactisme, il titille nos neurones sur pas moins que la liberté, le hasard, le réel, les valeurs.
    On rit, on est aussi parfois mal à l'aise, choqué. Avec,en prime quelques scènes d'anthologie, comme celle de la réception défécation.
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 4 août 2015
    après "le charme discret de la bourgeoisie" réalisé deux ans plus tôt, "le fantôme de la liberté" apparaît un peu comme une suite où l'absurde, le non-sens et l'humour décalé se cotoyent pendant tout le film.
    Bunuel est fidèle aux acteurs qu'il emploie souvent dans ses films. Il faut dire que le scénario de ce film est écrit en collaboration avec Jean-Claude Carrière qui travaillait avec lui depuis le début des années 60.
    Les thèmes chers et récurrents de Bunuel sont présents encore ici: la bourgeoisie, l'armée/ordre publique, le clergé, ces moteurs qui régissent la vie d'un pays et que Bunuel se plait à tourner en ridicule.
    Tout au long de sa carrière il n'aura de cesse que de montrer la religion (catholique) comme quelque chose de ridicule voire inutile aux besoins des êtres humains; pour preuve déjà dans "Viridiana" ou "L'ange extérminateur" ou encore "La voie Lactée" qui traite de l'hérésie et des débordments religieux.
    On le voit encore dans "Belle de jour" où là il s'en prend à la haute bourgeoisie qui sous une façade honnête cache un monde de turpitudes et garde une mentalité bien-pensante.
    Bunuel était un visionnaire qui déjà avec "le chien andalou" dérangeait l'ordre établi et tout au long de sa carrière, mis à part ses oeuvres méxicaines" il a toujours voulu démontrer les travers de la société bourgeoise qu'il destait un peu. Fuyant l'Espagne franquiste il s'éxila au Mexique; puis il revint en Europe et s'installe en France où il réalisa, à mon avis, ses meilleurs films.
    Ici dans ce film tout est absurde du début à la fin.Dans son film précédent, le rêve et la réalité se confondaient à tel point qu'on s'y perdait un peu. Il continue à manier l'absurde en poussant parfois ce genre jusqu'à l'extrême: pour preuve la scène des gens à table assis sur des cuvettes de wc! cette scène est le summum du ridicule, mais attention avec Bunuel rien n'est jamais vulgaire. Ses détournements de la bonne morale tentent à prouver combien le monde est absurde en lui-même à sa base,il traitait déjà de l'écologie 40 ans avant tout le monde. Cette petite fille qui "aurait" disparu et que tout le monde cherche alors qu'elle est présente et que tout le monde semble ignorer est, à mon sens, la négation de l'existance de l'autre, sa "supposée" disparition est plus importante que sa présence réelle, ou encore ce vieux qui donne des photos que l'on croit scabreuses à des petites filles alors que ce ne sont que des photos d'édifices publiques dont certains apparaissent scandaleux alors que ce ne sont que des églises ou bâtiements religieux et on pourrait citer encore d'autres exemples....Bref en un mot: chef-d'-oeuvre
    Plume231
    Plume231

    3 536 abonnés 4 639 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 15 janvier 2015
    Un couple à la recherche de leur petite fille disparue qui est pourtant toujours avec eux, deux préfets de police qui se rendent dans un zoo pour réprimer une agitation révolutionnaire, un chapelier masochiste qui se fait fouetter par sa collaboratrice devant des moines, un fusillé qui lance comme dernier cri "A bas la liberté", des parents qui s'offusquent qu'un inconnu ait donner à leur fille dans un parc des images obscènes représentant (pour le savoir il faudra regarder le film !!!)...
    Voilà quelques-unes des histoires auxquelles aura le droit le spectateur pour cet avant-dernier film du réalisateur de "L'Ange exterminateur". Le plus surréaliste des cinéastes surréalistes ne se pose ici absolument pas la moindre limite. Et comme le plus surréaliste des cinéastes surréalistes était aussi un satiriste féroce de la société, on est pas mal servi aussi dans ce domaine à l'instar de la scène du dîner, où les invités défèquent autour d'une table avant d'aller assouvir leurs besoins alimentaires au cabinet, qui est une critique de la Société de consommation.
    On ne peut pas parler de film à sketchs classique, non seulement à cause du contenu bien sûr, mais aussi par le moyen utilisé par Buñuel qui passe d'une histoire à une autre à travers un personnage.
    L'ensemble est inégal, certaines histoires étant prenantes, d'autres moins, mais l'étrangeté absolue de cette OFNI d'un cinéaste qui nous a pourtant habitués aux OFNI suffit à rendre ce pénultième film intéressant.
     Kurosawa
    Kurosawa

    523 abonnés 1 509 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 5 janvier 2015
    Luis Buñuel déchaîné avec "Le fantôme de la liberté", film à sketchs où s’enchaînent des situations toutes aussi improbables les unes que les autres. Un comique qui illustre le mouvement surréaliste auquel appartient le cinéaste, et qui repose essentiellement sur des inversions, des paradoxes et des contradictions entre l'image et les dialogues. Certaines situations sont moins marquantes que d'autres (comme l'épisode des policiers), mais la plupart sont d'une drôlerie jubilatoire et mettent en évidence une critique des classes aisées, de l'église et autres institutions dont les codes sont moqués avec une inventivité hors du commun. Une comédie mordante et radicale au casting de choix.
    Estonius
    Estonius

    2 591 abonnés 5 273 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 27 juin 2013
    On peut bien sûr le regarder au premier degré et se régaler des situations farfelues qui s'enchaînent. Mais le film pisse bien plus loin que ça car chez Bunuel, le surréalisme des situations n'est jamais gratuit. Commençons par évacuer ce que le film n'est pas : une critique de la bourgeoisie (elle serait où ? Dans le licenciement abusif de la bonne ? Un peu léger quand même !) Une critique de la religion ? Juste en passant alors, mais de façon très subtile (des culs bénis sans gênes qui gobent toutes les décisions du Vatican, qui se laissent aller à jouer, boire et fumer, mais qui n'acceptent pas d'être collectivement confronté au sexe !).
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    En fait, le film est une réflexion sur au moins trois thèmes : Les convenances qu'on peut interpréter (les cartes postales), relativiser (pourquoi ne pas aller au cimetière la nuit ?) inverser (les chiottes) sans que cela ne change en profondeur l'ordre établi, sauf que les limites de la méthode existent bel et bien (le condamné à mort). Le pouvoir, brillamment illustré par cette séquence (un peu lourde) où des gendarmes frappés d'infantilisme retrouvent tout leur sérieux pour tancer un automobiliste roulant trop vite. L'aveuglement de ceux qui refusent de regarder une réalité qui est pourtant sous leurs yeux (la petite fille disparue).
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    Alors pourquoi ce titre qui paraphrase Marx ? Et pourquoi ce cri de l'un des fusillés dans le prologue qui hurle "A bas la liberté !" ? Et bien parce que Bunuel nous dit que nous ne sommes pas libres mais prisonniers des convenances, (les chiottes) du rôle que la société nous fait jouer (les gendarmes), de nos préjugés (les cartes postales), de notre destin (scène du docteur) et même de notre perception des choses (la petite fille). Les seuls essayant de se libérer étant Michel Lonsdale et sa maîtresse, fabuleux couple S.M. et exhibitionniste rejeté par tous les autres, mais offrant un fabuleux pied de nez à la morale bourgeoise (et non pas à la bourgeoisie, ce n'est pas la même chose).
    -----
    Coté mise en scène c'est très riche avec des plans étonnants (les portes qui s'ouvrent (métaphore sur le sens du film et ses clés) et qui se ferment à l'hôtel ou encore cette sublime partie de piano jouée nue par Adriana Asti. Un certain nombre de choses ne sont hélas pas perceptibles à la première vision et c'est dommage. On regrettera éventuellement les victimes du tueur qui s'écroulent comme dans une cour de récrée (mais peut-être est-ce volontaire ? allez savoir avec ce réalisateur !) quelques liaisons inter-scènes pas trop foulantes et la fin assez obscure. Malgré quelques imperfections nous tenons là un très grand film... Et un grand Bunuel (même s'il ne vaut ni Viridiana, ni Belle de Jour)... Et une belle affiche aussi !
    Grouchy
    Grouchy

    109 abonnés 1 033 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 1 mai 2013
    Quand il s'empare d'une intrigue, Bunuel s'en éloigne pour en créer une autre, créant une file de sketchs très amusants et dans un esprit absurde. Il n y a pratiquement pas d'histoire, puisqu'un personnage secondaire d'une intrigue devient le héros d'une autre, et le personnage secondaire de cette autre intrigue devient le héros de la suivante et etc ... le jeu de dominos présent dans le film montre bien cette effet, celui du cadavre exquis des surréalistes dont fait partie le cinéaste. Le film, pourtant décousu à première vue, contient tout de même des liens qui rassemblent les sketchs en un ensemble ( les différents animaux ). Les dialogues sont prononcés comme des discours mondains, ce qui accentue encore plus le délire complet qu'est l'univers de Bunuel. Un film pas parfait mais représentatif du mouvement du surréalisme, où le n'importe quoi peut créer du sens.
    Fabien B
    Fabien B

    1 abonné 51 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 8 juillet 2012
    Une comédie illarante, avec chaque sketch aussi drôle que les autres. Bref du Bunuel pur jus !
    Flying_Dutch
    Flying_Dutch

    63 abonnés 770 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 14 novembre 2011
    Bizarrement, je vois les Buñuel à reculons. Après Cet Obscur Objet du Désir, je passe au Fantôme de La Liberté (en vérité, son premier court-métrage, qu'il a réalisé avec Salvador Dali, est la première oeuvre que j'ai vu de lui mais passons). Une chose est sûr, le surréalisme de Buñuel, et en particulier celui de ce film, me parle énormément. J'ai regardé ce film avec en moi un mélange d'hilarité et d'émerveillement tant tout ce qui se passait sous mes yeux me semblait génial. Le film pourrait s'apparenter à une succession de sketch sans queue ni tête s'il n'avait pris le soin de les relier par un fil narratif grossier mais drôle. En allant à fond dans l'incohérence et l'impertinence, le génie espagnol remporte mon suffrage, ainsi que sa troupe de comédiens français (Brialy, Rocheford, Lonsdale...) qui se retrouvent dans des anecdotes hallucinantes.
    ygor parizel
    ygor parizel

    208 abonnés 2 503 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 3 septembre 2012
    Pas bon ce Buñuel, des images à peine digne d'un épisode de Derrick et un ennui profond plombe le tout. Les petites histoires étaient pourtant prometteuse entre surréalisme et satire sociale mais c'est mal jouer et souvent pesant et distant. Très déçu par ce film.
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 22 juin 2011
    Chef d'oeuvre original et d'une qualité inestimable : Un Bunuel audacieux et réussi.
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 10 mars 2011
    Au titre suffisamment explicite, un pur chef d'oeuvre empli de surréalisme mais aussi de non-sens. Ainsi le contraste particulier du sketch du parc offre un point de vue qui parle de lui-même: entre les hippies écologiques jouants de la guitare entre eux, joyeusement libres jusqu'au bout, vivants en communauté, et le sexe tarifé et glauque d'une prostitué ne connaissant que grosses limousines, patrons, couples mariés et intellectuels universitaires dans des espaces clos et confinés.
    chrischambers86
    chrischambers86

    12 246 abonnés 12 179 critiques Suivre son activité

    1,5
    Publiée le 23 octobre 2010
    Un condamnè à mort quitte tranquillement le tribunal après le verdict, Michael Lonsdale se fait fouetter, les convives d'un dîner sont assis sur des toilettes...A soixante-douze balais, Luis Bunuel, surrèaliste, impènitent, s'offre un film ludique, iconoclaste, irrèsistible mais aussi très ennuyeux! Ici la camèra s'attache à un personnage avant d'en suivre un autre que le hasard lui fait rencontrer! De non-sens en fausse piste, il signe, avec la complicitè de Jean-Claude Carrière, une satire fèroce de la bourgeoisie des annèes 70, sorte de jeu de massacre interprètè par quelques grands noms du cinèma français tels que Michel Piccoli, Jean Rochefort, Claude Pièplu ou Jean-Claude Brialy! On n'aime ou on n'aime pas...
    Gonnard
    Gonnard

    221 abonnés 1 930 critiques Suivre son activité

    0,5
    Publiée le 22 mai 2009
    Absurde sans être drôle. Une suite de petites histoires et pourtant assez ennuyeux. Je suis bien déçu. Enfin, j'ai pu découvrir le royal postérieur de Michael Lonsdale, je n'aurais pas tout perdu.
    scorsesejunior54
    scorsesejunior54

    139 abonnés 694 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 11 mai 2009
    Dès son arrivée en France (au milieu des années 60), L. Bunuel a laissé évoluer son style vers un surréalisme différent de celui qui le caractérisait précédemment. Recherchant moins le choc visuel et les images frappantes, il avait décidé de laisser sa mise en scène se poser (quitte à paraître théâtral), abandonnant les mouvements de caméra complexes et gratuits pour mieux se concentrer sur les situations décrites. Son regard devenait alors plus reculé et plus malicieux ; les erreurs de jeunesse (notamment en matière de rythme) se corrigeaient petit à petit, si bien que le Bunuel des années 70 était un cinéaste sûr de son style, calme et serein, évoluant en grande confiance grâce notamment à maîtrise technique de très haut vol qui pouvait alors lui permettre de ne plus se soucier de futilités comme par le passé et cibler son imagination débordante sur les éléments réels de son film. Même s'il est toujours clairement resté à l'écart de ce mouvement, il m'est avis que la Nouvelle Vague ne l'a non pas influencé (loin de là) mais plutôt libéré, décoincé, lui permettant de rompre (enfin) avec les quelques résidus de conventions esthétiques héritées de son apprentissage daté (premier essai en 1928) du cinéma. Lorsque survient 1974 et "Le Fantôme de la Liberté", Bunuel est au sommet de son art. La systématisation du fantasme et la justification de situations folles par le rêve du "Charme discret de la bourgeoisie" avaient là encore disparues. Que dire, si ce n'est que la fluidité de l'oeuvre de L.B. a de quoi ici laisser bouche bée ? Ses incomparables qualités de narration servent un scénario raffiné admirablement écrit même si on pourra relever une contradiction (que certains trouveront ridicule, d'autres peut-être plus importante) dans le ton bourgeois employé (ce qui n'était pas voulu) pour critiquer justement cette même bourgeoisie. Bunuel face à ses démons, personne n'est parfait... "Le fantôme de la liberté" n'en demeure pas moins un de ses films les plus inspirés.
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