Tod, jeune diplômé de Yale, s'installe à San Bernardino, une pension en marge de Hollywood où habitent des aspirants comédiens, des figurants, et tout un tas de plus ou moins ratés qui gravitent autour du grand miroir aux alouettes qu'est cette usine à rêves. L'action se situe à la veille de la seconde guerre mondiale, le monde est au bord de la catastrophe mais tout cela semble à des années lumière de cette oasis de luxe et de volupté où les stars sont de véritables dieux vivants. Le réalisateur prend d'ailleurs un malin plaisir à multiplier les parallèles entre l'actualité tragique du monde et l'insouciance, la superficialité de ce monde de paillettes et d'artifice, notamment lorsque un drame réel survient lors du tournage d'une autre guerre d'un autre temps : la bataille de Waterloo.
A San Bernardino, donc, vivent notamment Harry Greener, un artiste de music-hall raté qui survit en faisant de la vente à domicile, et sa fille, une jolie blonde, qui rêve de devenir actrice et qui court le cachet. Tod, lui, se destine à la peinture, et il réalise des croquis de tournage pour les studios. Il ressent d'emblée une grande attirance pour Faye qui joue avec lui et le repousse sans cesse.
Je n'en dis pas plus mais on imagine que tout cela, comme l'actualité internationale, ne peut pas finir bien.
John Schesinger signe une fresque magnifique dont il a le secret. Je comprends que le film peut dérouter parfois, car il n'y a pas vraiment d'intrigue à proprement parler, plutôt des scènes de vie, des portraits par petites touches intimistes de personnages marginaux, névrosés, qui vont inexorablement courir à leur perte. Le personnage de Faye est assez émouvant finalement et plus complexe qu'il n'y paraît. Femme fragile, désaxée, qui passe à côté du véritable amour pour poursuivre son rêve de pacotille. En elle s'incarnent toutes les starlettes d'hier et d'aujourd'hui. Car Tod aime vraiment Faye, d'un amour vrai et désintéressé, malgré tous ses défauts, ses fêlures, il la comprend. On sent que la jeune femme éprouve à son égard des sentiments réciproques mais elle le rejette dans l'espoir insensé d'épouser un homme riche qui fera d'elle une femme célèbre. En attendant elle se met en ménage avec un être inoffensif, faible et limité intellectuellement, le pauvre Homer Simpson a qui elle en fera voir de toutes les couleurs.
Bref, il se passe beaucoup de choses dans ce film, les séquences s'enchaînent sans temps mort, on s'attache aux personnages et on suit une histoire belle et tragique qui nous émeut.