Avis sur Père, fils

Curieuse déroute pour un cinéma que j'apprécie énormément habituellement : celui du grand Alexander Sokurov, formaliste chevronné du Septième Art qui nous livre ici Père, Fils, étonnant poème un brin rébarbatif de prime abord, puis superbe en définitive. Il semblerait pourtant que Sokurov soit plus efficace à mes yeux lorsqu'il teinte ses images intégralement en sépia ( Le Jour de l'Eclipse ; Voix Spirituelles ), lorsqu'il soustrait au minimum le récit au profit du lyrisme ( Mère et Fils ) ou lorsqu'il filme en un souffle le musée de l'Ermitage via un plan-séquence techniquement colossal ( L'Arche Russe, grande oubliée du festival de Cannes 2002 ). Alors : que manque t-il à ce Père, Fils pour en faire un chef d'oeuvre ? Certes l'esthétique est comme toujours somptueuse, certaines images perdurent longtemps après la projection et l'audace du projet est évidente... Cependant le maître des élégies se perd ici délibérément dans la démonstration théorique de son propos ( le credo de Père, Fils : bouleverser l'ordre établi sur la filiation masculine, jusqu'à l'érotiser sans équivoque ). L'ensemble paraît même relativement bavard et procédurier : les nappes musicales se font permanentes, la symbolique plus lourde que celle de Mère et Fils et l'installation trop visible, bien qu'assez floue dans ses directives. Il reste un long métrage de toute beauté, à la fois trop exigeant et pas assez qui témoigne d'un Sokurov qui en garde sous le pied...

D'une beauté sidérante, Père fils questionne la masculinité, le corps, le rapport au corps le moins différent de soi, issu de soi. C'est beau, lyrique, envoûtant, les images sont absolument inouies, on ne peut pas rester indifférent à ce film brillant.

Chaque seconde de ce film est d'une beauté rare et tenace. C'est d'un éblouissement visuel permanent et d'une pureté bouleversante. Chef d'oeuvre !

Ce film est de la classe des grands.
Onirique et esthétisant, il nous offre en plus une finesse psychologique rare et des comédiens dont le talent égale la beauté.