Des plumes dans la tête : les secrets du tournage

Sophie Museur, l'interprète de Blanche est la compagne du réalisateur Thomas de Thier. Il l'a dirigé au théâtre dans l'adaptation du Mur Invisible de Marlen Haushofer, intitulé Triple vitrage. Elle a été la coscénariste de Echographie, un documentaire adressé à leur enfant à naître. Actuellement, ils écrivent ensemble le scénario d'un long-métrage de fiction, Déluge.

La musique de Des Plumes dans la tête est composée par Sylvain Chauveau, jeune compositeur français, connu pour quelques albums solo, dont Le Livre noir du capitalisme. Le réalisateur définit ainsi son travail :"Sa musique est minimaliste, à peine répétitive, et vous plonge dans une mélancolie tranquille, discrète et pudique."

Le cadre est porteur de beaucoup de sens, selon Thomas de Thier. Il a ainsi travaillé très précisément avec Virginie Saint-Martin : "J'attachais beaucoup d'importance à la proportion de terre ou de ciel en fonction du moment où l'on se situait dans l'évolution de Blanche. De plus, quand Blanche part chercher son fils dans la mort, je voulais que les déplacements se fassent dans le sens contraire des écritures, c'est à dire de la droite vers la gauche. Cette règle était parfois un casse-tête à mettre en pratique. Toutes ces intentions (...) ne sautent heureusement pas aux yeux du spectateur, mais par contre rendent le film cohérent et passionnant à réaliser."

Les scènes en extérieurs, tournées dans des décors naturels, étaient éclairées de la seule lumière du soleil. Chaque journée était ainsi un sprint, pour tenir le rythme de quinze à seize plans par jour, avec un maximum de quatre prises par plan.

Le film se déroule sur toute une année. Il était donc important de traduire le passage des saisons. L'été et l'automne ont été tournés en octobre et novembre. L'hiver et le printemps en avril et mai.

Le réalisateur a tenu à ce que des détails situent concrètement cette histoire onirique en Belgique :"La photo de Baudoin qui se casse la figure dans un magasin de souvenirs royalistes, les traditions locales avec les commémorations napoléoniennes (...). Tout ça participe d'un désir de replacer la Belgique dans l'histoire, et donc de l'envisager comme quelque chose de fragile susceptible de disparaître."

Thomas de Thier s'est longtemps intéressé aux oiseaux. Des plumes plein la tête fait directement référence aux volatiles. Le réalisateur portait d'ailleurs une attention toute particulière à leurs chants : "Je pense que ce n'est pas toujours facile pour un ingénieur du son de travailler avec un réalisateur pour qui un chant de fauvette à tête noire ne veut pas dire la même chose qu'un chant de fauvette grise."

Le réalisateur Thomas de Thier a trouvé l'inspiration de son film dans un endroit réel, qui se trouve près de chez lui, en Belgique : les bassins de décantation d'une sucrerie. "Les déchets de betteraves y sont rejetés et se transforment en boues qui attirent les oiseaux migrateurs. Les eaux ont la couleur de la rouille, elles sont parfois noires, il y a des arbres morts qui émergent, partout les berges sont envahies de végétation. (...) Quand un lieu vous inspire, l'histoire vient toute seule."