Un bon film reste intemporel, à commencer par la qualité de son discours. Si les scènes qui opposent une Jane lascive à un Tarzan peu déniaisé se laissent regarder sourire en coin, le reste de ce film sert un discourt qu'un Hitler en pleine ascension (nous sommes en 1932) n'aurait pas renié. Dans cette Afrique dont sont maîtres les blancs, les noirs, leurs porteurs, ne participent pas à l'action mais la subissent. Copieusement insultés et fouettés, leurs morts successives n'interviennent que pour souligner le côté épique de cette expédition dans la jungle, sans soucis de susciter la moindre émotion. Quant aux guerriers, il s'agit de nains (!) avec des ossements dans le nez et comme armes. Si Tarzan, l'homme singe, ne diffère pas des protagonistes principaux aux visages pâles, c'est bien parce que, souligne Jane, "il est blanc", plus qu'un homme en quelque sorte. Voilà donc un film qui justifiait et nourrissait une Amérique raciste et ségrégationniste. Il justifie aussi le pillage des richesses comme corolaire évident de la présence du blanc en Afrique. Quant à remettre les choses dans leur contexte, comme le propose les critiques positives de ce film, n'oublions pas que le cinéma, en Amérique comme en Europe, constituait, déjà en ces années 30, un puissant outil de propagande. Et d'aussi nauséabonds relents ne peuvent, à mon sens, donner qu'un mauvais film dont certaines louanges résonnent à mes oreilles comme le bruit des bottes.