"Les années lycée !"
Après “Sixteen Candles”, “Breakfast Club”, et “Weird Science” et juste avant “Ferris Bueller day’s off”, John Hughes le très prolifique cinéaste et scénariste n’en a toujours pas fini avec les frasques et les questionnements de l’adolescence.
Nous sommes à la fin de l’année 1985, au beau milieu des mandatures de Ronald Reagan aux Etats-Unis. Le pays est fracturé comme jamais, en cause, une politique sauvage d’ultra-libéralisme tous azimuts instaurée par l’administration en place. Le fossé entre la “Middle Class” étasunienne (les fondations du cinéma de Hughes), et la frange la plus aisée du pays, n’a jamais été aussi profond ! Bref, cette rupture sociale servira de socle à “Pretty in Pink” (“Rose Bonbon”, dans la langue de Molière), la nouvelle chronique adolescente de John Hughes qui nous intéresse ici.
Une fois n’est pas coutume, John Hughes se cantonne à l’écriture et délègue la réalisation à Howard Deutch (“Some Kinds of Wonderful”). Dès les premières images, nous voici plongés au cœur d’une banlieue populaire - pour ne pas dire pauvre - de Chicago. Dans un pavillon quelque peu délabré, nous faisons la connaissance de Andie (la pétillante Molly Ringwald), une lycéenne de 17 ans et de Jack (Harry Dean Stanton), son papa. Howard Deutch nous présente une jeune femme dynamique et romantique qui, entre ses cours, son travail dans l’échoppe de vinyles de la truculente Iona (Annie Potts), trouve le temps de s’occuper de son père - en dépression - depuis le départ de sa mère.
Accompagnée de Duckie (Jon Cryer, en véritable frère jumeau de Ferris Bueller et en amoureux transi figure récurrente du teen-movie), Andie affronte chaque jour, les quolibets et les dérives verbales des élèves les plus populaires du lycée.
Tous ces désagréments n’entament pas l’optimisme de cette jeune rêveuse, jusqu’au jour où Blane (Andrew McCarthy), l’un des “riches” de l’école, tombe amoureux d’elle !
Blane osera même inviter Andie au bal de fin d’année, l’événement le plus en vue, synonyme d’entrée dans l’âge adulte pour toute une génération ! Cette idylle naissante - qui pourrait être magnifique - se verra menacée par la douloureuse réalité de la pression des carcans sociaux. Une pression qui prend le visage de Steff (James Spader), petit bourgeois arrogant et odieux. Celui-ci se trouve être le meilleur ami de Blane et devant la caméra de Howard Deutch, il se pose en figure emblématique de l’inégalité américaine… Durant 1h40’, cette relecture fun et moderne de Roméo et Juliette (certes moins dramatique), réussit l’exploit - en un minimum de temps - le temps d’une fin d’année scolaire dans un lycée américain, véritable microcosme et miroir de la société, de nous questionner sur la place de chacun en ce monde, sur la vie, sur l’amour et sur l’avenir !