En 1974, lorsque Scorsese signe Alice doesn't live here anymore, il n'est encore qu'un petit réalisateur plein de volonté cherchant à se faire un nom dans l'immense Hollywood.
Suite à la réussite qu'était Mean Street, Warner Bros lui confie un projet qui, par la suite, allait devenir Alice doesn't live here anymore. Et franchement, on ne le regrette pas.
Le film se construit autour d'un thème que nous ne connaissons pas très bien chez Scorsese, puisqu'il parle avant tout du combat d'une femme pour sa survie et celle de son enfant au travers de l'Amérique profonde des années 70. Alice se rendra vite compte qu'une femme ne peut vivre sans la présence d'un homme qui lui assure une couverture financière confortable, ce qui nous amène directement à penser que Scorsese épouse la cause féministe en décrivant une Amérique dans laquelle aucune femme ne peut s'émanciper.
Construit comme un road-movie, genre idéal lorsqu'il s'agît de présenter en image la quête initiatique d'un personnage, le film montre également une Alice qui découvre véritablement la vie, réelle désillusion pour une éternelle petite fille qui s'imaginait chanteuse depuis sa tendre enfance. Les tares et vices des hommes, la violence et la misère vont se révéler à elle.
Ici, Scorsese semble beaucoup plus calme, posé. On est loin de la rage qu'il laisse éclater dans la majeure partie de sa filmographie, notamment avec des hommes forts et violents cherchant à se hisser au plus hauts échelons de la société. Ainsi, la caméra prend le temps d'observer, se stabilise, les travellings se font plus furtifs; le tout est moins clinquant afin de laisser plus de place aux personnages et à leur psychologie, le style plus calme de la réalisation leur correspond mieux.
Pour conclure, Alice doesn't live here anymore est un beau portrait de femme à la fois dramatique et plein d'humour, peut-être pas aussi ambitieux que la plupart des films du maître italo-américain, mais incontestablement un excellent film.