Il est consternant qu’à la sortie de ce premier film de Francis Lawrence, en 2005, les critiques se soient montrés plutôt négatifs voire fort méprisants. Il est encore plus consternant, que par la suite, lors de sa sortie vidéo, ce film soit systématiquement rangé par les clubs dans les bacs connotés films cheap. Tout aussi consternant, le choix des chaînes câblées de télévision d’inclure Constantine dans la liste de films correspondant au forfait donnant droit au visionnnage de films de seconde zône. Or, Constantine est tout sauf un film de seconde zone. Il est surprenant que le deuxième film de Lawrence, « I Am Legend », pourtant de qualité égale à Constantine, ait été considéré comme un film majeur dès sa sortie et connaisse un destin vidéotique complètement contraire à son frère ainé. Cette surprenante injustice ne s’explique que par le contexte de l’intrique de Constantine. La religion catholique. En effet, les Français en grande majorité, sont devenus, au fil des décennies, peu réceptifs, voire plutôt allergiques à cet aspect de leur propre patrimoine culturel. Le héros de « I am Legend », est un scientifique qui affronte des humains, devenus vampires. Contexte agnostique aseptisé de toute religiosité, donc, parfaitement digestible pour le public français. John Constantine, héros asexué et cynique, espèce de prêtre de choc, affronte des anges déchus, des démons, le diable lui-même, dans des péripéties dont le fil conducteur est inspiré de nombreux éléments catéchistiques. Indigeste pour un public dont la laïcité forcenée choque nos voisins européens catholiques et surprend même les non catholiques. Si un tel accueil est compréhensible, il révèle quand même d’une certaine bêtise, lorsque ces mêmes critiques s’extasient niaisement à la sortie de films faisant évoluer des personnages aux mêmes caractéristiques que Constantine mais dont les péripéties souvent ineptes s’inscrivent dans un contexte purement futuriste ou parfois également imprégné de références de mythologie gréco latine, égyptienne, ou asiatique . Comme c’est le cas de Matrix, ou de super héros. Certes le choix initial du pétulant Nicolas Cage au lieu du mièvre Keanu Reeves aurait donné un résultat plus heureux. Mais grâce à son scénario bien ficelé, de nombreux intelligents rebondissements, de bons effets spéciaux, et quelques très bonnes pointes d’humour, Constantine reste tout du long un film extrêmement captivant.