Tobe Hooper est un cinéaste à part. Sa façon de filmer inspire la moiteur et la terreur. Dans ce film, le réalisateur montre des personnes dérangées mentalement, des personnes normales et un psychopathe. Le but du film ne consiste pas à terroriser même si de ce point de vue c'est très réussi, les hurlements et les situations affichent une telle sensation d'épouvante que le spectateur en tremble d'effroi. Encore une fois, le réalisateur livre un film d'horreur intelligent, il sait comment dévoiler le malaise dans la société contemporaine. Et il n'a pas besoin de trente millions de lieux pour réussir ce coup de génie, un vieil hôtel délabré avec des marais et un crocodile, des couleurs violettes et sombres, et il ne lui reste plus qu'à construire son intrigue et y installer le climat qu'il veut. On dit souvent que le huis-clos permet une démonstration de ce que l'on appelle le mal des cachots, quand des personnes restent tout le temps au même endroit pendant trop longtemps. Ici, le film n'est pas une peinture des hommes et des femmes des années 1970 ni un documentaire consistant à montrer un crocodile qui dévore ceux et celles qui auraient la maladresse de poser le pied là où il ne faut pas. Non, Tobe Hooper s'intéresse ici au psychopathe incarné par Neville Brand. Son personnage est fascinant et terrifiant, il vit seul, il n'aime personne, il n'a besoin de personne. Son passe-temps favori: attendre qu'une famille de touristes perdus décident de louer une chambre pour jouer avec eux. Ce comportement infantile, nous l'avons tous enfant car l'homme naît et grandit en étant sadique avec les autres gosses. Qui n'a jamais assisté dans son enfance à une humiliation sur un élève différent des autres? C'est là que pointe le doigt de Tobe Hooper, cet homme a souffert d'une humiliation épouvantable et il ne s'en est jamais remis. Sa vie se résume donc à se venger des autres en leur infligeant une punition exemplaire. Cet homme n'a jamais couché avec une femme, il ignore la tendresse, pour lui l'amour n'est que violence et perversions. Cela peut vous surprendre qu'un homme tourne dans un tel cercle vicieux et ne trouve finalement d'extase dans la vie que de faire le malheur des autres mais un enfant lorsqu'il est constamment humilié et qui ne riposte pas à cause d'une éducation très catholique devient dès lors adulte un assassin en puissance parce qu'il n'a rien d'autre, tout le monde l'a bradé, tout le monde l'a abandonné, tout le monde a décidé d'en faire un martyre et il n'existe pas d'homme plus dangereux que celui qui est rejeté par tous. Il est sans pitié, sans remords, il est impitoyable et il est fier de ce qu'il fait. Torturé mentalement, c'est certain. Au final, Tobe Hooper nous livre un film d'épouvante extraordinaire et fascinant qui inspire autant le dégoût et la peur que l'horreur psychologique. A conseiller aux cinéphiles et à déconseiller aux âmes sensibles à la douleur.